Ne vous est-il jamais arrivé de vous demander en regardant une attraction : "Mais pourquoi ont-ils choisi cette thématisation là ?". Soit, les parcs à thèmes répondent à des règles strictes selon lesquelles la thématisation d'une attraction doit être en adéquation avec le land où elle se trouve. Mais cela ne répond qu'en partie à la question. Et puis la thématisation est-elle décidé avant le choix de l'attraction ou l'inverse ? Rassurez-vous, nous n'allons pas philosopher sur la poule et l'oeuf. Pourtant, c'est bien l'histoire d'un oeuf devenu poule que nous allons vous raconter. Nous allons entrer dans des mécanismes jamais révélés. Vous allez découvrir ce que jamais vous n'auriez dû savoir. Et nous allons vous expliquer ce qui d'habitude n'est jamais révélé. Et nous allons...
Que ressent un créateur quand il voit sa création lui échapper ?
Loin des ambiances gothiques de l'histoire de Mary Shelley, la thématisation de la dernière attraction du Parc Astérix a bien échappé à son créateur et la créature issue de son imagination - le Pyrosaurus - n'a pas vécu.
Lors des deux premières parties nous avons vu le travail entrepris par Jean-Marc Toussaint pour thématiser le bobsleigh construit par la société Mack pour le parc Gaulois. Qui est-il ? Pourquoi la thématisation finale n'a que peu de rapport avec celle proposée ? La thématisation de la file d'attente correspond-elle à la thématisation actuelle ? Par ici les réponses...
Jean-Marc Toussaint est un créateur multi-facettes qui a su mettre ses talents au service de sa passion pour les parcs d'attractions.
Venu du cinéma, il s'intéresse aux parcs de loisirs depuis 1987.
En 1991 il décide de se consacrer à ce secteur en expansion en proposant ses services en free-lance sous l'intitulé "Amusement Illustrations & Designs". Il a apporté ses compétences en design, technique et marketing à des projets variés pour le Groupe Grévin & Cie, l'Aquaboulevard de Paris, Center Parcs, le Grand Rex, Marine World, Fami Parc, Babyland, Autopolis, Brean Leisure Park (GB), Boomers (USA), Race World (USA), Six Flags (USA), ainsi que pour le compte de constructeurs de manèges comme Coaster Works (USA), Amusements International (USA), Pax Design (Russie) ou encore Reverchon Industries (France.)
Ayant contribué à l'organisation de la branche française de l'International Association of Amusement Parks and Attractions (IAAPA), il entretient aujourd'hui des rapports privilégiés avec des parcs de loisirs et des constructeurs d'attractions du monde entier.
Pas n'importe qui, l'animal !
"Le caméléon n'a la couleur du caméléon qui s'il est sur un autre caméléon" disait Cavanna. En ce qui concerne la thématisation version "Pyrosaurus" que nous vous avons présenté dans la deuxième partie, elle a donné le ton à la thématisation finale en faisant bien attention de ne pas lui ressembler.
Sans doute pour des questions de budget, sûrement pour des questions d'homme, le projet proposé par Jean-Marc Toussaint ne sera pas conservé en tant que tel. Le scénario proposé s'éloignait peut-être de l'identité que souhaitait donner le parc à l'attraction. Quoi qu'il en soit, le parc proposa à son ouverture une toute autre histoire, celle de la Trace du Hourra.
En résumé, l'histoire prend racine en des temps très reculés où l'homme préhistorique descend à peine du singe. Une tribu, ancêtre de nos ancêtre les gaulois, vient de découvrir qu'ils avaient la faculté de se tenir debout. Une fête s'organise spontanément et pour marquer cette journée emplie d'allégresse tous les membres de la tribu montent jusqu'en haut de la colline voisine et la dévalent en glissant, ce qui leur procure une joie plus grande encore.
Cette glissage devient un rite de joie pour la tribu, et à chaque fois qu'une bonne chose arrive, tous montent en haut de la colline et s'y laissent glisser.
A force, une trace marque la colline. Et c'est cette trace que le Parc Astérix a décidé de reproduire.
Pour être tout à fait honnête, je ne peux m'empêcher de penser que la proposition faite par Jean-Marc Toussaint était à la fois plus originale, plus aboutie et que le concept du Pyrosaurus prêtait mieux au merchandising avec ce nouveau personnage qu'était le "monstre" procureur de feu.
Finalement, la seule thématisation que connaît aujourd'hui la Trace du Hourra est celle de la file d'attente. Découvrons ensemble, comment elle avait été pensée dans le cadre du projet "Pyrosaurus".
Un engin de travaux publics (pelleteuse ou bulldozer) a dégagé un passage dans un renflement du sol. L'engin est toujours là et semble retenir la terre, en évitant ainsi que le passage ne se referme. Le moteur tourne toujours comme si le pilote avait soudainement abandonné la cabine. Sur ses flancs, la marque de fabrique a été partiellement effacée mais on distingue encore le nom de "Lucie" (d'après le plus ancien squelette humain découvert.)
Autour de l'entrée ont été plantées des balises de chantier (pieux blancs rayés de rouges, certains terminés par des gyrophares.) De l'autre côté de l'entrée, un véhicule tout-terrain semble, lui aussi abandonné. Ses portes sont grandes ouvertes. L'un des occupants a oublié une sacoche. Il en sort des planches zoologiques figurant toutes sortes de reptiles, des cartes géologiques de la région, etc. L'une des planches zoologique est déroulée sur le capot du 4x4. Elle représente un même reptile à plusieurs stades de son évolution.
L'entrée du site est marquée par un panneau : "Forêt de Plailly / Bassin de Creil - Pyrosaurus - Expédition Cie Paul & Léon Tolleaugue - visites le..." (le bas du panneau est effacé mais on confirme que, normalement, le chantier est visitable.)
La radio du véhicule tout terrain est branchée. Entre deux plages musicales, on parle des nouvelles recherches entreprises dans la forêt de Plailly. Un reporter annonce que, malheureusement, le direct depuis le chantier de fouilles ne pourra avoir lieu car la station n'arrive pas à établir de liaison avec le journaliste délégué sur place.
La file d'attente longe le site des fouilles. Le sol est quadrillé et, affleurant, on découvre les ossements de la tête d'un curieux animal. Autour de la tête, la terre semble s'être carbonisée sous l'action d'énormes chaleurs. Un pieu est enfoncé près de la tête. Il porte un petit panneau sur lequel sont dessiné le tête stylisée du reptile.
Quelques mètres plus loin, on en aperçoit un autre sur lequel sont dessinés des segments de colonnes vertébrale. Sur l'un des côtés, on en voit un sur lequel est dessiné une patte. Beaucoup plus loin, un dernier panneau indique l'emplacement possible de la queue. Sur une table pliante, des papiers et des instruments de mesure sont éparpillés. Un magnétophone et un micro aux couleurs de Menhir FM ont été abandonnés près de la table.
Les aiguilles d'une pendule, tombée à terre, tournent... à l'envers.
La file passe ensuite entre les caisses d'explosifs avant d'atteindre le portail...
Un gigantesque pan de rocher barre la route. On a dû se frayer un chemin à la dynamite et au marteau piqueur. D'ailleurs, deux de ces instruments sont encore plantés dans le rocher et fonctionnent encore. Ils semblent d'ailleurs battre la mesure d'une étrange mélopée à l'unisson avec leur compresseur. Devant la faille, plusieurs paires de bottes sont posées à même le sol. Il en sort de la fumée. Leurs propriétaires ont dû se volatiliser.
Les pans de rocher sont maintenus en place par des étais, là aussi, il semblerait qu'on craigne que tout se referme. La fille d'attente s'engage, en descente, dans la faille...
Dans l'un des pans de rochers, on distingue quelques fossiles d'animaux ainsi que quelques traces d'outils.
On pénètre dans une zone à la végétation luxuriante. Le chemin est grossièrement dessiné. Au sol, on découvre des traces de pieds nus (laissés par les propriétaires des bottes). Par endroits, de la brume monte du sol. Le bruit des marteaux piqueurs se transforme petit à petit en rythme tribal. Des cris d'animaux divers s'élèvent dans le lointain, par intermittence, on entend un terrible grondement (bruit réel du bob).
Le chemin se transforme, il semble avoir été aménagé. La preuve, sur l'un des côtés de la route, des outils fabriqués avec des os, des branchages et des pierres sont rangés près d'une cabane. Probablement celle du cantonnier...
Un rocher sur le côté du chemin rappelle étrangement un panneau d'entrée d'agglomération. Sous forme de dessins, on y a inscrit le nom du village (un cartouche comportant la silhouette d'un reptile, d'une flamme et d'une série de huttes) en dessous, une série de petits traits semble mentionner le nombre d'habitants. On y a d'ailleurs ajouté dernièrement, à la craie, plusieurs marques supplémentaires. Sous le panneau, à la manière des informations religieuses que l'on peut voir encore aujourd'hui à l'entrée de certains villages, on a dessiné une grotte autour de laquelle sont rassemblés des personnages très stylisés. Les horaires sont indiqués par des dessins représentants des faces de la lune ou bien un soleil plus ou moins haut sur l'horizon.
Deux panneaux indicateurs pointant dans des directions opposées ornent un poteau. L'un des panneaux représente des hommes pourchassant un reptile, l'autre représente les même hommes, cette fois-ci pourchassés par le reptile. Un peu plus loin, on remarque des tas bien organisés de différents matériaux (bois, pierres, ossements, etc.) Chaque tas comporte une sorte "d'étiquette de prix", le chiffre est indiqué en petits bâtonnets.
La file d'attente passe alors sous une section de la piste...
Nous nous trouvons à l'intérieur d'une des boucles de la piste. C'est un endroit où l'on rassemble, où l'on s'amuse. La musique tribale retentit toujours. Sur l'un des côtés, les rochers semblent former des gradins. L'un des spectateurs a d'ailleurs laissé tomber une "sucrerie" (curieux animal rôti planté sur un bout de bois.) En bas des gradins, on aperçoit une sorte de barbecue sur lequel fument encore les même "sucreries".
Une arche minérale enjambe la piste à la manière de certaines enseignes publicitaires au dessus des circuits automobile. Sur l'arche, au dessus de la piste se dessine un visage humain, entouré de craquelures, incrusté dans la pierre. En voilà encore un qui n'est pas resté assis...
Un peu plus loin, un rocher semble former une table de banquet. D'autres rochers sont disposés autour comme des chaises. Au bout de la table, il y a une chaise plus importante, celle du "chef". A côté, une chaise plus petite, celle de son épouse probablement. Un peu plus loin, une série de petits sièges, ceux des enfants. Il peut y avoir également un très gros siège contre lequel repose une très grosse massue (évoquant la forme d'un menhir) et un siège moins imposant à côté duquel traîne une outre vide. Les ancêtres d'Obélix et d'Astérix ?
Sur l'un des pans de rochers, il y a une grande trace de brûlure. Seule la silhouette d'un homme se détache, comme s'il avait été surpris par le souffle infernal.
Apparemment, il y a eu plus de peur que de mal puisque des traces de pieds, noirs de suie, quittent les lieux et s'enfoncent dans la forêt.
On suit les traces et on quitte la place du village...
Nous sortons de la place du village et abordons une zone forestière, plus calme. La musique tribales s'estompe peu à peu. On entends à nouveau des cris d'animaux. Un nouveau panneau indicateur représente des hommes en train de chevaucher un reptile. Le sentier suit la piste du bob et remonte en pente douce vers des formations rocheuses d'où s'écoule une cascade. Aux pieds de la cascade sont installés des râteliers d'outils rudimentaires, un foyer, des tas de pierres, de bois. Sur les pierres sont dessinés les plans très compliqués d'une machine visant à capturer un gros reptile. C'est visiblement le lieu du "savant" du village. Il a construit, avec du bois, des lianes et un rocher, une grosse tapette à souris. Mais le piège n'a pas fonctionné et le rocher a dû être étayé pour dégager l'inventeur victime de ses propres expériences (sa silhouette est incrustée dans le sol et des traces de pas autour attestent d'une farouche activité pour le sortir de ce mauvais pas.)
Le chemin enjambe la piste et redescend en pente douce vers l'entrée de la grotte.
A l'entrée de la grotte, on a laissé traîner des pierres creuses au fond desquelles il reste encore de la "peintures" et des morceaux de bois faisant office de pinceaux. Il y a, sur le côté, des traces de mains colorés.
Les rochers aux abords de l'entrée elle-même sont en cristaux et forment des colonnes qui évoquent des flammes. Le chemin pénètre à l'intérieur de la grotte. L'ambiance sonore se transforme. Bruits de gouttes d'eau, échos, murmures gutturaux inquiétants...
Après un premier coude, dans la pénombre, on débouche sur la salle principale. Le plafond n'est pas très haut. Les murs le long de la file d'attente sont couverts de cristaux et reflètent une lumière dont on ne distingue pas l'origine (feu ? Soleil [CARACTERE]) Le mur opposé, à l'instar de Lascaux, est couvert de peintures rupestres. On remarque des dessins qui illustrent l'histoire de la tribu. Un premier les représente fuyant devant le Pyrosaurus. Le deuxième les représente, perplexes, autour d'un des leurs tout carbonisé. Un troisième les montre en train de récupérer du feu au passage du reptile. Un quatrième les représente en train de se servir du feu pour chauffer leurs aliments. Un cinquième les montre en train de pourchasser, avec des armes, le Pyrosaurus. Un sixième les montre en train de courir avec "le feu aux fesses". Un septième les présente en "discussion" avec le monstre. Un huitième les représente en train de chevaucher l'animal pendant que d'autres assistent à la scène, assis sur les gradins du village (cf scène 5.) Un neuvième, dans un coin, représente le "savant" et l'un de ses pièges. Ce dessin est gribouillé comme si l'option n'avait pas été retenue.
Le style se trouve à mi-chemin entre la peinture rupestre et la bande dessinée (personnages en bâtonnets/stick figures). Certains dessins peuvent présenter des personnages plus caractéristiques que d'autres (le "chef", le "guerrier", le "savant", les "Astérix et Obélix" de l'époque.)
Il peut également y avoir un dessin qui représente une fête ou un banquet, montrant toute la tribu attablée.
Au sortir de la "grande" grotte, la file d'attente peut se séparer en deux sur environ un mètre. Nous avons la possibilité de passer à l'air libre, par la gauche ou, en se penchant, sous une arche de pierre assez basse, par la droite. Sous cette arche, les enfants de la tribu ont essayé, eux aussi de réaliser des peintures à la gloire du Pyrosaurus. Les dessins y sont plus maladroits, les empreintes de mains, beaucoup plus petites.
On entend à nouveau des bruits de la forêt.
Le "savant" a encore fait des siennes. Il a confectionné un nouveau piège de son cru. Ce nouvel appareil ne semble guère plus subtil que le précédent. Le leurre est une sorte de moulin à vent qui actionne un jeu de poulies, une série de petits marteaux qui tapent sur un tronc d'arbre creux. Le rythme reproduit est celui qu'on entend depuis le début de la file d'attente.
Le piège est en apparence une sorte de grand collet mais le braconnage s'est soldé par un échec. Toute la zone est brûlée. Les arbres, les rochers, la végétation et le sol sont carbonisés.
La trace du Pyrosaurus, évoquant le profil de la piste du bob, se perd dans la forêt. La file d'attente croise le dénivelé de la tranchée.
Après avoir traversé une zone forestière plus calme, nous arrivons à la gare. Celle-ci est en fait abritée sous une falaise de faible hauteur dont la base aurait été considérablement érodée. Il n'y a qu'une seule "paroi", le reste de la gare est à ciel ouvert. On peut imaginer qu'à force de toujours passer par là , le Pyrosaurus a usé le roc, créant ainsi une sorte de conduit. Peut-être est-ce l'empreinte du corps d'un saurien plus grand encore, ancêtre du Pyrosaurus.
La partie "ouverte" de la gare est visible de la file d'attente. Les visiteurs extérieurs à l'attraction ne voient qu'un monticule de terre ou de rocher. En raison du caractère technique de la gare (pupitre de commande, barrières, quai, etc.), il semble préférable de ne pas trop "charger" en décor.
David Boidin et Jean-Marc Toussaint
Que ressent un créateur quand il voit sa création lui échapper ?
Loin des ambiances gothiques de l'histoire de Mary Shelley, la thématisation de la dernière attraction du Parc Astérix a bien échappé à son créateur et la créature issue de son imagination - le Pyrosaurus - n'a pas vécu.
Lors des deux premières parties nous avons vu le travail entrepris par Jean-Marc Toussaint pour thématiser le bobsleigh construit par la société Mack pour le parc Gaulois. Qui est-il ? Pourquoi la thématisation finale n'a que peu de rapport avec celle proposée ? La thématisation de la file d'attente correspond-elle à la thématisation actuelle ? Par ici les réponses...
Un créateur nommé Toussaint
Jean-Marc Toussaint est un créateur multi-facettes qui a su mettre ses talents au service de sa passion pour les parcs d'attractions.
Venu du cinéma, il s'intéresse aux parcs de loisirs depuis 1987.
En 1991 il décide de se consacrer à ce secteur en expansion en proposant ses services en free-lance sous l'intitulé "Amusement Illustrations & Designs". Il a apporté ses compétences en design, technique et marketing à des projets variés pour le Groupe Grévin & Cie, l'Aquaboulevard de Paris, Center Parcs, le Grand Rex, Marine World, Fami Parc, Babyland, Autopolis, Brean Leisure Park (GB), Boomers (USA), Race World (USA), Six Flags (USA), ainsi que pour le compte de constructeurs de manèges comme Coaster Works (USA), Amusements International (USA), Pax Design (Russie) ou encore Reverchon Industries (France.)
Ayant contribué à l'organisation de la branche française de l'International Association of Amusement Parks and Attractions (IAAPA), il entretient aujourd'hui des rapports privilégiés avec des parcs de loisirs et des constructeurs d'attractions du monde entier.
Pas n'importe qui, l'animal !
Une création nommée caméléon
"Le caméléon n'a la couleur du caméléon qui s'il est sur un autre caméléon" disait Cavanna. En ce qui concerne la thématisation version "Pyrosaurus" que nous vous avons présenté dans la deuxième partie, elle a donné le ton à la thématisation finale en faisant bien attention de ne pas lui ressembler.
Sans doute pour des questions de budget, sûrement pour des questions d'homme, le projet proposé par Jean-Marc Toussaint ne sera pas conservé en tant que tel. Le scénario proposé s'éloignait peut-être de l'identité que souhaitait donner le parc à l'attraction. Quoi qu'il en soit, le parc proposa à son ouverture une toute autre histoire, celle de la Trace du Hourra.
En résumé, l'histoire prend racine en des temps très reculés où l'homme préhistorique descend à peine du singe. Une tribu, ancêtre de nos ancêtre les gaulois, vient de découvrir qu'ils avaient la faculté de se tenir debout. Une fête s'organise spontanément et pour marquer cette journée emplie d'allégresse tous les membres de la tribu montent jusqu'en haut de la colline voisine et la dévalent en glissant, ce qui leur procure une joie plus grande encore.
Cette glissage devient un rite de joie pour la tribu, et à chaque fois qu'une bonne chose arrive, tous montent en haut de la colline et s'y laissent glisser.
A force, une trace marque la colline. Et c'est cette trace que le Parc Astérix a décidé de reproduire.
Pour être tout à fait honnête, je ne peux m'empêcher de penser que la proposition faite par Jean-Marc Toussaint était à la fois plus originale, plus aboutie et que le concept du Pyrosaurus prêtait mieux au merchandising avec ce nouveau personnage qu'était le "monstre" procureur de feu.
Une file d'attente peut en cacher une autre
Finalement, la seule thématisation que connaît aujourd'hui la Trace du Hourra est celle de la file d'attente. Découvrons ensemble, comment elle avait été pensée dans le cadre du projet "Pyrosaurus".
Scène 1 - Entrée de l'attraction
Un engin de travaux publics (pelleteuse ou bulldozer) a dégagé un passage dans un renflement du sol. L'engin est toujours là et semble retenir la terre, en évitant ainsi que le passage ne se referme. Le moteur tourne toujours comme si le pilote avait soudainement abandonné la cabine. Sur ses flancs, la marque de fabrique a été partiellement effacée mais on distingue encore le nom de "Lucie" (d'après le plus ancien squelette humain découvert.)
Autour de l'entrée ont été plantées des balises de chantier (pieux blancs rayés de rouges, certains terminés par des gyrophares.) De l'autre côté de l'entrée, un véhicule tout-terrain semble, lui aussi abandonné. Ses portes sont grandes ouvertes. L'un des occupants a oublié une sacoche. Il en sort des planches zoologiques figurant toutes sortes de reptiles, des cartes géologiques de la région, etc. L'une des planches zoologique est déroulée sur le capot du 4x4. Elle représente un même reptile à plusieurs stades de son évolution.
L'entrée du site est marquée par un panneau : "Forêt de Plailly / Bassin de Creil - Pyrosaurus - Expédition Cie Paul & Léon Tolleaugue - visites le..." (le bas du panneau est effacé mais on confirme que, normalement, le chantier est visitable.)
La radio du véhicule tout terrain est branchée. Entre deux plages musicales, on parle des nouvelles recherches entreprises dans la forêt de Plailly. Un reporter annonce que, malheureusement, le direct depuis le chantier de fouilles ne pourra avoir lieu car la station n'arrive pas à établir de liaison avec le journaliste délégué sur place.
Scène 2 - Démarrage de la file d'attente
La file d'attente longe le site des fouilles. Le sol est quadrillé et, affleurant, on découvre les ossements de la tête d'un curieux animal. Autour de la tête, la terre semble s'être carbonisée sous l'action d'énormes chaleurs. Un pieu est enfoncé près de la tête. Il porte un petit panneau sur lequel sont dessiné le tête stylisée du reptile.
Quelques mètres plus loin, on en aperçoit un autre sur lequel sont dessinés des segments de colonnes vertébrale. Sur l'un des côtés, on en voit un sur lequel est dessiné une patte. Beaucoup plus loin, un dernier panneau indique l'emplacement possible de la queue. Sur une table pliante, des papiers et des instruments de mesure sont éparpillés. Un magnétophone et un micro aux couleurs de Menhir FM ont été abandonnés près de la table.
Les aiguilles d'une pendule, tombée à terre, tournent... à l'envers.
La file passe ensuite entre les caisses d'explosifs avant d'atteindre le portail...
Scène 3 - Le portail
Un gigantesque pan de rocher barre la route. On a dû se frayer un chemin à la dynamite et au marteau piqueur. D'ailleurs, deux de ces instruments sont encore plantés dans le rocher et fonctionnent encore. Ils semblent d'ailleurs battre la mesure d'une étrange mélopée à l'unisson avec leur compresseur. Devant la faille, plusieurs paires de bottes sont posées à même le sol. Il en sort de la fumée. Leurs propriétaires ont dû se volatiliser.
Les pans de rocher sont maintenus en place par des étais, là aussi, il semblerait qu'on craigne que tout se referme. La fille d'attente s'engage, en descente, dans la faille...
Dans l'un des pans de rochers, on distingue quelques fossiles d'animaux ainsi que quelques traces d'outils.
Scène 4 - La préhistoire
On pénètre dans une zone à la végétation luxuriante. Le chemin est grossièrement dessiné. Au sol, on découvre des traces de pieds nus (laissés par les propriétaires des bottes). Par endroits, de la brume monte du sol. Le bruit des marteaux piqueurs se transforme petit à petit en rythme tribal. Des cris d'animaux divers s'élèvent dans le lointain, par intermittence, on entend un terrible grondement (bruit réel du bob).
Le chemin se transforme, il semble avoir été aménagé. La preuve, sur l'un des côtés de la route, des outils fabriqués avec des os, des branchages et des pierres sont rangés près d'une cabane. Probablement celle du cantonnier...
Un rocher sur le côté du chemin rappelle étrangement un panneau d'entrée d'agglomération. Sous forme de dessins, on y a inscrit le nom du village (un cartouche comportant la silhouette d'un reptile, d'une flamme et d'une série de huttes) en dessous, une série de petits traits semble mentionner le nombre d'habitants. On y a d'ailleurs ajouté dernièrement, à la craie, plusieurs marques supplémentaires. Sous le panneau, à la manière des informations religieuses que l'on peut voir encore aujourd'hui à l'entrée de certains villages, on a dessiné une grotte autour de laquelle sont rassemblés des personnages très stylisés. Les horaires sont indiqués par des dessins représentants des faces de la lune ou bien un soleil plus ou moins haut sur l'horizon.
Deux panneaux indicateurs pointant dans des directions opposées ornent un poteau. L'un des panneaux représente des hommes pourchassant un reptile, l'autre représente les même hommes, cette fois-ci pourchassés par le reptile. Un peu plus loin, on remarque des tas bien organisés de différents matériaux (bois, pierres, ossements, etc.) Chaque tas comporte une sorte "d'étiquette de prix", le chiffre est indiqué en petits bâtonnets.
La file d'attente passe alors sous une section de la piste...
Scène 5 - La place du village
Nous nous trouvons à l'intérieur d'une des boucles de la piste. C'est un endroit où l'on rassemble, où l'on s'amuse. La musique tribale retentit toujours. Sur l'un des côtés, les rochers semblent former des gradins. L'un des spectateurs a d'ailleurs laissé tomber une "sucrerie" (curieux animal rôti planté sur un bout de bois.) En bas des gradins, on aperçoit une sorte de barbecue sur lequel fument encore les même "sucreries".
Une arche minérale enjambe la piste à la manière de certaines enseignes publicitaires au dessus des circuits automobile. Sur l'arche, au dessus de la piste se dessine un visage humain, entouré de craquelures, incrusté dans la pierre. En voilà encore un qui n'est pas resté assis...
Un peu plus loin, un rocher semble former une table de banquet. D'autres rochers sont disposés autour comme des chaises. Au bout de la table, il y a une chaise plus importante, celle du "chef". A côté, une chaise plus petite, celle de son épouse probablement. Un peu plus loin, une série de petits sièges, ceux des enfants. Il peut y avoir également un très gros siège contre lequel repose une très grosse massue (évoquant la forme d'un menhir) et un siège moins imposant à côté duquel traîne une outre vide. Les ancêtres d'Obélix et d'Astérix ?
Sur l'un des pans de rochers, il y a une grande trace de brûlure. Seule la silhouette d'un homme se détache, comme s'il avait été surpris par le souffle infernal.
Apparemment, il y a eu plus de peur que de mal puisque des traces de pieds, noirs de suie, quittent les lieux et s'enfoncent dans la forêt.
On suit les traces et on quitte la place du village...
Scène 6 - Une première tentative de piège...
Nous sortons de la place du village et abordons une zone forestière, plus calme. La musique tribales s'estompe peu à peu. On entends à nouveau des cris d'animaux. Un nouveau panneau indicateur représente des hommes en train de chevaucher un reptile. Le sentier suit la piste du bob et remonte en pente douce vers des formations rocheuses d'où s'écoule une cascade. Aux pieds de la cascade sont installés des râteliers d'outils rudimentaires, un foyer, des tas de pierres, de bois. Sur les pierres sont dessinés les plans très compliqués d'une machine visant à capturer un gros reptile. C'est visiblement le lieu du "savant" du village. Il a construit, avec du bois, des lianes et un rocher, une grosse tapette à souris. Mais le piège n'a pas fonctionné et le rocher a dû être étayé pour dégager l'inventeur victime de ses propres expériences (sa silhouette est incrustée dans le sol et des traces de pas autour attestent d'une farouche activité pour le sortir de ce mauvais pas.)
Le chemin enjambe la piste et redescend en pente douce vers l'entrée de la grotte.
Scène 7 - La grotte du Pyrosaurus
A l'entrée de la grotte, on a laissé traîner des pierres creuses au fond desquelles il reste encore de la "peintures" et des morceaux de bois faisant office de pinceaux. Il y a, sur le côté, des traces de mains colorés.
Les rochers aux abords de l'entrée elle-même sont en cristaux et forment des colonnes qui évoquent des flammes. Le chemin pénètre à l'intérieur de la grotte. L'ambiance sonore se transforme. Bruits de gouttes d'eau, échos, murmures gutturaux inquiétants...
Après un premier coude, dans la pénombre, on débouche sur la salle principale. Le plafond n'est pas très haut. Les murs le long de la file d'attente sont couverts de cristaux et reflètent une lumière dont on ne distingue pas l'origine (feu ? Soleil [CARACTERE]) Le mur opposé, à l'instar de Lascaux, est couvert de peintures rupestres. On remarque des dessins qui illustrent l'histoire de la tribu. Un premier les représente fuyant devant le Pyrosaurus. Le deuxième les représente, perplexes, autour d'un des leurs tout carbonisé. Un troisième les montre en train de récupérer du feu au passage du reptile. Un quatrième les représente en train de se servir du feu pour chauffer leurs aliments. Un cinquième les montre en train de pourchasser, avec des armes, le Pyrosaurus. Un sixième les montre en train de courir avec "le feu aux fesses". Un septième les présente en "discussion" avec le monstre. Un huitième les représente en train de chevaucher l'animal pendant que d'autres assistent à la scène, assis sur les gradins du village (cf scène 5.) Un neuvième, dans un coin, représente le "savant" et l'un de ses pièges. Ce dessin est gribouillé comme si l'option n'avait pas été retenue.
Le style se trouve à mi-chemin entre la peinture rupestre et la bande dessinée (personnages en bâtonnets/stick figures). Certains dessins peuvent présenter des personnages plus caractéristiques que d'autres (le "chef", le "guerrier", le "savant", les "Astérix et Obélix" de l'époque.)
Il peut également y avoir un dessin qui représente une fête ou un banquet, montrant toute la tribu attablée.
Scène 8 - Comme les grands...
Au sortir de la "grande" grotte, la file d'attente peut se séparer en deux sur environ un mètre. Nous avons la possibilité de passer à l'air libre, par la gauche ou, en se penchant, sous une arche de pierre assez basse, par la droite. Sous cette arche, les enfants de la tribu ont essayé, eux aussi de réaliser des peintures à la gloire du Pyrosaurus. Les dessins y sont plus maladroits, les empreintes de mains, beaucoup plus petites.
On entend à nouveau des bruits de la forêt.
Scène 9 - Nouvelle tentative de piège
Le "savant" a encore fait des siennes. Il a confectionné un nouveau piège de son cru. Ce nouvel appareil ne semble guère plus subtil que le précédent. Le leurre est une sorte de moulin à vent qui actionne un jeu de poulies, une série de petits marteaux qui tapent sur un tronc d'arbre creux. Le rythme reproduit est celui qu'on entend depuis le début de la file d'attente.
Le piège est en apparence une sorte de grand collet mais le braconnage s'est soldé par un échec. Toute la zone est brûlée. Les arbres, les rochers, la végétation et le sol sont carbonisés.
La trace du Pyrosaurus, évoquant le profil de la piste du bob, se perd dans la forêt. La file d'attente croise le dénivelé de la tranchée.
Scène 10 - La gare
Après avoir traversé une zone forestière plus calme, nous arrivons à la gare. Celle-ci est en fait abritée sous une falaise de faible hauteur dont la base aurait été considérablement érodée. Il n'y a qu'une seule "paroi", le reste de la gare est à ciel ouvert. On peut imaginer qu'à force de toujours passer par là , le Pyrosaurus a usé le roc, créant ainsi une sorte de conduit. Peut-être est-ce l'empreinte du corps d'un saurien plus grand encore, ancêtre du Pyrosaurus.
La partie "ouverte" de la gare est visible de la file d'attente. Les visiteurs extérieurs à l'attraction ne voient qu'un monticule de terre ou de rocher. En raison du caractère technique de la gare (pupitre de commande, barrières, quai, etc.), il semble préférable de ne pas trop "charger" en décor.
© |
David Boidin et Jean-Marc Toussaint