Ne vous est-il jamais arrivé de vous demander en regardant une attraction : "Mais pourquoi ont-ils choisi cette thématisation là ?". Soit, les parcs à thèmes répondent à des règles strictes selon lesquelles la thématisation d'une attraction doit être en adéquation avec le land où elle se trouve. Mais cela ne répond qu'en partie à la question. Et puis la thématisation est-elle décidé avant le choix de l'attraction ou l'inverse ? Rassurez-vous, nous n'allons pas philosopher sur la poule et l'oeuf. Pourtant, c'est bien l'histoire d'un oeuf devenu poule que nous allons vous raconter. Nous allons entrer dans des mécanismes jamais révélés. Vous allez découvrir ce que jamais vous n'auriez dû savoir. Et nous allons vous expliquer ce qui d'habitude n'est jamais révélé. Et nous allons...
Les chemins qui menèrent à la Trace du Hourra, la dernière attraction du Parc Astérix vont vous être dévoilés dans cette série en trois parties.
Au cas où vous ne connaîtriez pas l'attraction, sachez qu'il s'agit de montagnes russes, type bobsleigh, dont la particularité est une impression de liberté provoquée par des trains qui glissent dans une goulotte au lieu de rouler sur des rails, à laquelle s'ajoute une sensation de planer, intensifiée par le silence de l'attraction.
La thématisation choisie est celle d'une tribu de la préhistoire, ancêtre de nos ancêtres les gaulois, dont une des pratique les plus singulières était de gravir une montagne pour la dévaler en poussant des cris de satisfaction, d'où son nom : la Trace du Hourra.
Notre histoire commence en septembre 1998. Lors d'une réunion dans les bureaux du Parc Astérix, il est décidé que l'attraction qu'accueillera le parc en 2001 sera un bobsleigh. Le parc a besoin d'une grosse attraction et souhaite fédérer la clientèle familiale. Le choix est fait. Le constructeur n'est pas définitivement choisi. Mack ou Intamin ? Finalement la qualité Mack l'emportera. Seront décidé plus tard l'emplacement et le tracé.
Début 1999 a lieu la première réunion marketing afin de décider d'une thématisation pour cette attraction, que par commodité nous appellerons "bob". Participe à cette réunion Jean-Marc Toussaint, illustrateur-designer et spécialiste des roller coasters. Sans ménager le suspens, sachez que ce sera lui qui sera chargé, une fois le choix de la thématisation établit, de concevoir le scénario de l'attraction.
Pour l'heure les idées fusent dans un brainstorming sauvage.
Juste une aparté pour balayer d'un revers la question qui vous brûle les lèvres. Pourquoi s'embêter à trouver des idées originales alors qu'il suffit simplement de se replonger dans la lecture des albums d'Astérix pour trouver des idées ? C'est vrai, qui dit "bobsleigh" dit "Suisse" et qui dit "Suisse" dit "Astérix chez les Hélvètes".
Vous vous souvenez de l'histoire ? Pour sauver la vie d'un questeur, envoyé par Rome pour contrôler les comptes d'un gouverneur véreux, Astérix et Obélix partent en Suisse à la recherche d'une Edelweiss entrant dans la composition du remède de Panoramix. S'en suivront toute une suite de péripéties qui mèneront, comme d'habitude, nos héros devant la table du banquet final qui font de cet album un des meilleurs de la série.
Souvenez-vous de cette image :
L'histoire est toute trouvée, celle de l'album. Notre mission est d'aider Astérix à trouver l'étoile d'argent et la glisse se fera sur le ventre d'Obélix. Emballé, c'est pesé. Si on allait prendre un café, messieurs !
C'est que ce n'est pas si simple même dans le monde volontairement manichéen des parcs d'attractions. Dans les coulisses, la vraie vie reprend ses droits et les raisons qui déterminent des choix plutôt que d'autres, vous le découvrirez tout au long de cette série, n'ont rien d'abstraites ou d'enfantines.
Deux raisons cohabitent dans l'éviction de cette solution de facilité.
La première - l'officielle - est que la plupart des bobs existants - à commencer par l'original de chez Mack à Europa Park - ont choisi une thématisation tournant autour de la neige. Faire preuve d'originalité n'est pas une tare, nous en convenons.
L'autre raison - officieuse - qui n'exclut pas la véracité de la première - est que même quand on s'appelle Parc Astérix, on doit payer des royalties aux ayant droits en l'occurrence Albert Uderzo et la fille de René Goscinny. Chaque nouvelle utilisation des personnages gaulois ou romains, alourdirait le coût des droits relativement élevés que donne chaque année le parc (estimés entre 6 et 8 millions de francs.) Il est donc plus judicieux de conserver l'esprit gaulois - libre de tout droit - et de ne pas toucher aux personnages de la bande dessinée.
Et pourquoi nous en plaindrions nous si cette somme gagnée est investit dans une qualité plus grande des attractions ?
Fin d'aparté.
Les premières bonnes idées tourneront autour du personnages des druides. L'anachronisme étant un des points forts de la bande dessinée, il ne saurait en être autrement sur le parc.
Vous souvenez-vous de Merlin l'enchanteur à la fin du dessin animée de Walt Disney quand il revient du futur arborant une superbe chemise hawaïenne. Cette vision étonnante qui a marqué mon enfance m'est venu à l'esprit quand j'ai appris qu'une des thématisations envisagées était l'invention du surf par nos amis les druides. Selon la légende, ceux-ci seraient parvenus à maîtriser l'énergie d'un volcan Arverne, au moyen d'un énorme couvercle de cocotte-minute, et à canaliser sa lave pour s'adonner aux joies de la glisse.
Quelle idée géniale ! Faire oublier la glisse suisse en lui substituant la glisse "volcanique". Vous vous imaginez dans une file d'attente aux allure de plage californienne emplie de références aux druides et aux gaulois alors qu'en fond résonne "Surf in Massilia" des "Biches bois". Sur la droite, un aileron de requin tourne inlassablement dans le plan d'eau qu'entoure la file.
En même temps, ou peut-être un peu avant, fut envisagé de thématiser le bob sur l'invention des 24 heures du Mans que l'on devait toujours et encore aux druides. Idée intéressante mais vite évacuée.
D'autres idées folles s'exprimeront, comme celle, aussi intrigante qu'incompréhensible, concernant cette étonnante machine à faire la sieste. On s'interroge non seulement sur le rapport avec le bob mais aussi sur le cheminement intellectuel qui amena à cette idée.
Site officiel de Jean-Marc TOUSSAINT : http://www.amusement-id.com
David Boidin
Les chemins qui menèrent à la Trace du Hourra, la dernière attraction du Parc Astérix vont vous être dévoilés dans cette série en trois parties.
Au cas où vous ne connaîtriez pas l'attraction, sachez qu'il s'agit de montagnes russes, type bobsleigh, dont la particularité est une impression de liberté provoquée par des trains qui glissent dans une goulotte au lieu de rouler sur des rails, à laquelle s'ajoute une sensation de planer, intensifiée par le silence de l'attraction.
La thématisation choisie est celle d'une tribu de la préhistoire, ancêtre de nos ancêtres les gaulois, dont une des pratique les plus singulières était de gravir une montagne pour la dévaler en poussant des cris de satisfaction, d'où son nom : la Trace du Hourra.
Au commencement était le bob...
Notre histoire commence en septembre 1998. Lors d'une réunion dans les bureaux du Parc Astérix, il est décidé que l'attraction qu'accueillera le parc en 2001 sera un bobsleigh. Le parc a besoin d'une grosse attraction et souhaite fédérer la clientèle familiale. Le choix est fait. Le constructeur n'est pas définitivement choisi. Mack ou Intamin ? Finalement la qualité Mack l'emportera. Seront décidé plus tard l'emplacement et le tracé.
Début 1999 a lieu la première réunion marketing afin de décider d'une thématisation pour cette attraction, que par commodité nous appellerons "bob". Participe à cette réunion Jean-Marc Toussaint, illustrateur-designer et spécialiste des roller coasters. Sans ménager le suspens, sachez que ce sera lui qui sera chargé, une fois le choix de la thématisation établit, de concevoir le scénario de l'attraction.
Pour l'heure les idées fusent dans un brainstorming sauvage.
De la Suisse dans les idées
Juste une aparté pour balayer d'un revers la question qui vous brûle les lèvres. Pourquoi s'embêter à trouver des idées originales alors qu'il suffit simplement de se replonger dans la lecture des albums d'Astérix pour trouver des idées ? C'est vrai, qui dit "bobsleigh" dit "Suisse" et qui dit "Suisse" dit "Astérix chez les Hélvètes".
Vous vous souvenez de l'histoire ? Pour sauver la vie d'un questeur, envoyé par Rome pour contrôler les comptes d'un gouverneur véreux, Astérix et Obélix partent en Suisse à la recherche d'une Edelweiss entrant dans la composition du remède de Panoramix. S'en suivront toute une suite de péripéties qui mèneront, comme d'habitude, nos héros devant la table du banquet final qui font de cet album un des meilleurs de la série.
Souvenez-vous de cette image :
L'histoire est toute trouvée, celle de l'album. Notre mission est d'aider Astérix à trouver l'étoile d'argent et la glisse se fera sur le ventre d'Obélix. Emballé, c'est pesé. Si on allait prendre un café, messieurs !
C'est que ce n'est pas si simple même dans le monde volontairement manichéen des parcs d'attractions. Dans les coulisses, la vraie vie reprend ses droits et les raisons qui déterminent des choix plutôt que d'autres, vous le découvrirez tout au long de cette série, n'ont rien d'abstraites ou d'enfantines.
Deux raisons cohabitent dans l'éviction de cette solution de facilité.
La première - l'officielle - est que la plupart des bobs existants - à commencer par l'original de chez Mack à Europa Park - ont choisi une thématisation tournant autour de la neige. Faire preuve d'originalité n'est pas une tare, nous en convenons.
L'autre raison - officieuse - qui n'exclut pas la véracité de la première - est que même quand on s'appelle Parc Astérix, on doit payer des royalties aux ayant droits en l'occurrence Albert Uderzo et la fille de René Goscinny. Chaque nouvelle utilisation des personnages gaulois ou romains, alourdirait le coût des droits relativement élevés que donne chaque année le parc (estimés entre 6 et 8 millions de francs.) Il est donc plus judicieux de conserver l'esprit gaulois - libre de tout droit - et de ne pas toucher aux personnages de la bande dessinée.
Et pourquoi nous en plaindrions nous si cette somme gagnée est investit dans une qualité plus grande des attractions ?
Fin d'aparté.
Les premières bonnes idées tourneront autour du personnages des druides. L'anachronisme étant un des points forts de la bande dessinée, il ne saurait en être autrement sur le parc.
Vous souvenez-vous de Merlin l'enchanteur à la fin du dessin animée de Walt Disney quand il revient du futur arborant une superbe chemise hawaïenne. Cette vision étonnante qui a marqué mon enfance m'est venu à l'esprit quand j'ai appris qu'une des thématisations envisagées était l'invention du surf par nos amis les druides. Selon la légende, ceux-ci seraient parvenus à maîtriser l'énergie d'un volcan Arverne, au moyen d'un énorme couvercle de cocotte-minute, et à canaliser sa lave pour s'adonner aux joies de la glisse.
Croquis d'un druide surfant de Jean-Marc Toussaint© |
Croquis du couvercle de cocotte-minute, par Jean-Marc Toussaint© |
Quelle idée géniale ! Faire oublier la glisse suisse en lui substituant la glisse "volcanique". Vous vous imaginez dans une file d'attente aux allure de plage californienne emplie de références aux druides et aux gaulois alors qu'en fond résonne "Surf in Massilia" des "Biches bois". Sur la droite, un aileron de requin tourne inlassablement dans le plan d'eau qu'entoure la file.
En même temps, ou peut-être un peu avant, fut envisagé de thématiser le bob sur l'invention des 24 heures du Mans que l'on devait toujours et encore aux druides. Idée intéressante mais vite évacuée.
D'autres idées folles s'exprimeront, comme celle, aussi intrigante qu'incompréhensible, concernant cette étonnante machine à faire la sieste. On s'interroge non seulement sur le rapport avec le bob mais aussi sur le cheminement intellectuel qui amena à cette idée.
Site officiel de Jean-Marc TOUSSAINT : http://www.amusement-id.com
David Boidin