Janvier 2005. La ParkOtheK révélait ce que serait la grande nouveauté 2006 du parc du Futuroscope. Oeuvres d'art technologiques, 10 bras mécaniques issus des chaînes de montage de l'industrie automobile allaient faire vibrer les visiteurs dans une expérience unique pour le Futuroscope. Mariage d'une technologie industrielle et de l'art de la danse, Danse avec les Robots est une attraction hors normes au doux parfum de renouveau pour le plus visionnaire des parcs français. 29 mars 2006, le parc a ouvert les portes de sa salle de bal à la presse. Reportage.
H-24 avant l'inauguration de la nouvelle attraction. Le bâtiment qui va abriter les robots se dresse-là , discret et impassible, malgré l'effervescence du chantier qui l'entoure encore. Signé par l'architecte Denis Laming, à qui l'on doit le célèbre cristal du Futuroscope, le bâtiment s'incrit dans l'esprit architectural du parc. Sa forme rappelle une enclume, les lignes sont simples et monolithiques, pas d'extravagance vu de l'extérieur, mais l'intérieur cache bien des surprises ! Ce bâtiment au design high-tech peut prendre plusieurs visages. D'une superficie de 2 000 m², il est recouvert de vitrages inclinés semi-réfléchissants donc semi-transparents à l'ombre ou à la tombée de la nuit.
Le bâtiment se fait une beauté à quelques heures de l'arrivée des journalistes et des personnalités médiatiques. La pelouse est en train d'être posée, certaines vitres du bâtiment manquent à l'appel, et on s'empresse de les fixer. C'est Jean-Hervé Madec, Directeur du développement et de l'animation du Futuroscope qui nous servira de guide au sein de l'attraction. Arrivé à l'époque où la santé du parc était vacillante, il se qualifie comme "rescapé de cette période". Il reconnaît parfaitement les erreurs passées comme des attractions où le culturela supplanté le sensationnel comme pour Destination Cosmos, et ce qu'il reste à corriger au sein du parc. Mais il porte un regard plus optimiste que jamais sur le futur : "Danse avec les Robots est le résultat d'un travail de 200 personnes. Le produit est innovant, je ne me fais aucun souci quant au succès populaire de cette réalisation".
Dans le hall d'accueil de l'attraction, les dernières finitions sont apportées. Ici le visiteur a le choix entre deux entrées : je regarde, ou je fais, autrement dit, acteur ou spectateur. Si les visiteurs choisissent de participer, ils traversent un parcours découverte avant de prendre place à bord des robots. Dans le cas contraire, ils se rendent directement sur la mezzanine surplombant le ballet des robots. C'est en tant que spectateur que nous nous dirigeons vers la salle de bal. Une fois les portes franchies, c'est une explosion d'ambiances musicales et visuelles qui s'offre aux visiteurs. Réquisitionnés par l'industrie automobile, cantonnés depuis longtemps à des tâches ingrates et répétitives, les robots géants crées par la société allemande KUKA étaient sous-évalués. Les 10 robots sont bien là , sagement alignés, prêts à prendre vie et à faire corps avec les visiteurs dans une chorégraphie spectaculaire.
Jean-Hervé Madec échange quelques mots avec Bruno Contensou et Bernard Giry, scénographes et dirigeants de la société BCBG basée à Paris. En décembre 2004, ils remportent l'appel d'offres pour la scénographie de Danse avec les Robots, et leur challenge consistait alors à sortir les robots de leur contexte industriel pour les rendre élégants et glamours dans le cadre de l'attraction. Première proposition innovante de scénographie : soutenir le thème de la danse et le mouvement des robots par un système de projection d'images innovant, un écran tubulaire de 33 mètres de long et 3 mètres de diamètre, installé au plafond. Cet écran gonflable a été conçu par la société Dorléans (fournisseur d'écrans pour les spectacles de Jean-Michel Jarre, d'écrans gonflables pour les cinémas en plein air, et structures gonflables publicitaires) Le thème de la danse a rapidement imposé aux scénographes la disposition circulaire des robots autour d'une grande plate-forme, comme dans une ronde.
Changement d'ambiance lumineuse ! Les 10 robots s'animent soudain sur les premières notes de La Bamba, et montrent toutes leurs capacités de mouvement. "Plus de 1 million de combinaisons sont possibles" nous précise Jean-Hervé Madec. Chaque robot est habillé par une jolie robe de 6 mètres de diamètre, en fait de larges podiums qui sont recouverts d'un matériau extrait de composants isolants de même composition que ceux utilisés dans l'aérospatiale. Un réseau lenticulaire difracte et amplifie les sources lumineuses placées sous les jupes. Suivant l'angle de vision, ce matériau cinétique change de couleur. Les robots quant à eux sont couverts d'une peinture à pigments iriodines, lesquels sont utilisés dans les peintures métallisées de voitures. Les robots sont peints comme les objets qu'ils ont l'habitude de peindre. Les parois de la salle sont recouvertes de papier-miroir semi-réfléchissants bleus qui permet un mélange des lumières plutôt original. Pourtant les premiers dessins prépatoires de la salle montraient deux miroirs qui réfléchissaient à l'infini les bras-robots : il n'y en aurait pas eu 10, mais des milliers. "Avec ces miroirs, les visiteurs auraient finalement eu une impression de vertige" nous précise les scénographes. Dommage.
La visite se poursuit dans la zone d'attente, encore en chantier. "Les équipes vont travailler toute la nuit pour terminer la file d'attente" nous rassure Jean-Hervé Madec. La file serpente entre des vitrines et des bornes interactives sur l'Histoire des robots. Une histoire en 3 actes : les robots dans l'imaginaire collectif des années 20 aux années 70, l'apparition des robots dans l'industrie des années 70 aux années 90, et les robots du présent au futur qui sauvent, qui guérissent et qui amusent. La scénarisation de cet espace a été signée par la société BMR, fondée par des anciens du Futuroscope. Le contenu des vitrines est alléchant : petits robots suiveurs, chiens Aïbo, bras manipulateur... mais la mise en scène de ces objets fait encore un peu défaut.
Jean-Hervé Madec a le souci du détail. Il demande à un des coordinateurs de chantier : "Plutôt qu'un bouton, ne fallait-il pas mettre une manette pour piloter ce bras-robot dans la vitrine ?" Il nous confie : "A l'heure des jeux vidéos, nous ne sommes pas très à la pointe de proposer aux jeunes un bouton pour juste déclencher un robot... il faut pouvoir le piloter". Et Jean-Hervé Madec nous fait la démonstration d'un jeu interactif Etes-vous robot ? où on évalue les compétences des visiteurs à distinguer un robot d'une machine. La présentation de ces jeux est claire et efficace.
Ces animations ont pour but de faire patienter les visiteurs, et avec une attraction à faible débit (500 personnes par heure théoriquement), on peut facilement comprendre pourquoi.
Puis vient la salle de bal à proprement parlé. Son ambiance tranche avec cellede la file d'attente. Alors que les robots s'animent et que les lumières s'enchaînent, un visage familier apparaît sur l'écran gonflable qui surplombe la salle : Kamel Ouali.
La grande surprise de cette nouveauté vient peut-être de la collaboration inattendue du Futuroscope avec le chorégraphe Kamel Ouali. A 34 ans, il est aujourd'hui l'un des chorégraphes les plus remarqués et les plus appréciés du public. De la Star Academy, aux comédies musicales à succès comme les Dix Commandements, et le Roi Soleil, l'homme ne se refuse aucun nouveau challenge : il chorégraphie les 10 robots-danseurs, et tourne 5 clips vidéo projetés sur l'écran gonflable de Danse avec les Robots.
Sébastien Durand, Directeur de la communication et du Marketing Stratégique nous explique ce choix : "Nous ne voulions pas nous servir en priorité de l'image médiatique de Kamel Ouali. Nous avions même songé à plusieurs chorégraphespour la mise en chorégraphie des robots. Mais Kamel s'est réellement impliqué dans la réalisation de cette attraction, au point qu'il nous a fait la surprise de remonter sur scène et de danser avec sa troupe pour les clips projetés, chose qu'il a cessé de faire voilà 10 ans." Sébastien Durand nous avoue être un vrai passionné de comédies musicales, surtout les américaines. "Je connaissais Kamel Ouali lorsqu'il chorégraphiait encore les spectacles des Folies Bergère ! Il a fait du chemin, et pour lui, chorégraphier des robots était un nouveau challenge. Faire de nouvelles expériences est ce qui l'intéresse désormais."
Mais cela n'a quand même pas empêché le Futuroscope de mettre Kamel Ouali (trop) en avant dans sa campagne nationale d'affichage, jusqu'à voler la vedette aux robots, pourtant thématique de l'année 2006 ! Espérons que les visiteurs associent Kamel à cette nouveauté.
"Le fait d'associer Kamel Ouali au projetaurait pu présenter un risquepour l'image du Futuroscope vis-à -vis des groupes scolaires qui représentent 20% de notre clientèle. Que penseraient les professeurs alors ?" nous confie Sébastien Durand. "De plus, les robots effraient, et le futur est un thème que les Français abordent avec pessimisme.Certaines despremières réactions que nous avons reçues vis-à -vis de cette thématique associaient les robots à la création de chômage. C'est pourquoi nous nous sommes efforcés de présenter nos robots de façon positive, en montrant aux gens qu'ils leur apportaient une aide quotidienne, et qu'ils pouvaient aussi être des artistes-peintre, et des danseurs."
Au final, pour Danse avec les Robots, la danse dépossède complétement les bras-robot de leur aspect industriel originel : ils offrent un spectacle technologique et artistique hors du commun et complétement délirant. Un vrai plaisir visuel.
Mercredi 29 mars, c'est la journée d'inauguration et de présentation à la presse de la nouvelle attraction. 9h33 : arrivée du TGV en gare du Futuroscope. Le service d'accueil du parc est sur le qui-vive. Journalistes et V.I.P. descendent enfin du train. On prévoyait une manifestation anti-CPE ce jour-là , par chance pour nos lecteurs, rien à l'horizon. Quelques jours plus tôt une manifestation "gentillette" avait eu lieu lors du casting de la Star Ac' au Futuroscope.
A l'apéritif d'accueil, on peut croiser quelques has-been, et autres has never been : Loana du Loft, Olivier, le premier candidat du Bachelor de M6, une Miss France, et d'autres personnalités dont le nom échappe à beaucoup de gens. Autant dire que nous ne venions que pour admirer les robots, et la décoration VIPesque n'intéressait que quelques journalistes.
Les médias sont invités à la cérémonie d'ouverture dans le bâtiment de Danse avec Les Robots. Les robots vont être dévoilés dans quelques minutes, et on attend Kamel Ouali -qui aurait râté son train -. Le spectacle commence enfin. Le chorégraphe s'approche des robots, et d'un geste de bras, fait tomber les voiles des géants d'acier qui s'animent alors dans une petite mise en scène chorégraphiée. Nous tirons notre chapeau aux figurants (employés du parc) de ce mini-spectacle qui sont restés perchés 30 minutes à 7 mètres de haut sur les robocoasters, et sous les voiles, en attendant l'arrivée de Kamel Ouali.
A Dominique Hummel, président du directoire du Futuroscope d'ouvrir le bal : "Cela fait 20 ans ou presque que le parc du Futuroscope fait entendre sa musique insolite. Car ici nous aimons les mélodies qui cherchent à harmoniser les contraires. Ici, l'art se marie avec la technologie et le divertissement se veut intelligent. Ici et maintenant, les robots dansent avec les hommes."
"Comment ne pas être séduit par ces robots avec ces belles robes lumineuses ?" s'amuse Kamel Ouali. "Dans mon école à Saint-Denis, dans la banlieue parisienne, je me souviens qu'un voyage scolaire était organisé au Futuroscope. Malheureusement, ce n'était pas ma classe qui partait. J'étais très triste.Mais cette année, je compte amener une classe de mon ancienne école pour leur faire découvrir le parc !"
Place à la danse maintenant ! Dans un crépitement de flashs, les 10 bras-robots accueillent d'abord les V.I.P. pour une séance photo. L'équipe de la ParkOtheK a connu ses premières bousculades de paparazzi ! Puis vient enfin le moment fatidique de tester les robots. Il faut se débarasser de tous les objets personnels susceptibles de s'envoler ou de blesser : boucles d'oreille, lunettes, appareils photo ... ces consignes de sécurité sont rappelées dans la file d'attente à l'aide de pictogrammes animés. "Je crois qu'on ne peut pas faire plus simple" nous fait remarquer malicieusement Jean-Hervé Madec. On rappelle également aux visiteurs qu'ils doivent choisir le niveau d'intensité qu'ils souhaitent expérimenter et l'indiquer à l'hôte ou l'hôtesse d'accueil. Le niveau 1 est le plus intense, le niveau 3, le plus doux. Ce n'est pas dans l'ordre naturel des choses .... "Nous allons modifier ça dans les jours à venir. Expliquer cette numérotation inversée à chaque passager nous ferait perdre beaucoup de temps. " précise Sébastien Durand.
Une fois embarqué, la passerelle d'accès se dérobe sous nos pieds. Et dans un mouvement rapide, les robots s'animent en même temps, la musique se fait plus forte, et les lumières s'accordent avec le style de la musique. Les sensations sont originales, encore du jamais vu. Aucune nausée à la sortie car les mouvements sont très souples et on passe de la tête en haut à la tête en bas en quelques secondes. Le niveau intermédiaire (2) commence déjà à être remuant, un dosage savant entre douceur et sensations. Le niveau intense est lui déjà très sportif ! Avis aux amateurs, il faut avoir le coeur bien accroché et les épaules solides car la majorité de la séquence se fait tête à l'envers. Ce niveau n'est d'ailleurs pas accessible aux enfants de 1.20 m à 1.40 m.
Au final, les robots présentent ensemble 30 secondes de chorégraphie signée Kamel Ouali, puis 60 secondes de séquences de mouvements à 3 niveaux de difficulté. Kamel Ouali a chorégraphié 5 séquences de mouvements sur des musiques très éclectiques : Didi (Chab Khaled) , Le p'tit bal perdu (valse de Bourvil), Staying Alive (Bee Gees), La Bamba (Latino), et I love Rock'n Roll (Britney Spears). "En tout, le visiteur peut donc apprécier 15 expériences différentes." précise Jean-Hervé Madec. C'est ce qui fait certainement la force de cette attraction : un spectacle et des sensations en perpétuel mouvement.
Sébastien Durand souligne que "Tous les parcs ou fêtes foraines peuvent avoir un Robocoaster si ils ont l'argent nécessaire. Nous ne voulions pas simplement présenter cette attraction comme un objet technologique. Nos Robocoaster seraient restés de simples manèges à sensations si nous n'avions pas ajouté une histoire autour de l'attraction : celle du robot et de l'homme que la danse va rapprocher et réconcilier"
Attraction dynamique, musiques détonnantes, scénographie spectaculaire ... tous les éléments sont réunis pour faire de Danse avec les Robots une attraction-phare pour le Futuroscope. D'autant plus que le parc va renouer avec la croissance cette année, et réinvente son futur. Les robots ont envahi le parc pour 2006. La ParkOtheK a apprécié le Zoo des Robots, une exposition interactive où les animaux deviennent machines. Saviez-vous que les sauterelles peuvent entendre et que lespoulpes mangent lescachalots ? C'est l'ex-bâtiment du cinéma 360° qui abrite cette exposition temporaire et qui a été joliment reconverti.
A partir du 1° avril, la Cité du Numérique du Futuroscope accueille Portrait Robot. Programmé par le Laboratoire Mécanique des Solides du CNRS, ce robot KUKA est capable de tracer en cinq minutes le portrait d'un visiteur avec la même gestuelle qu'un artiste humain. Nous avons assisté aux premiers tests, encore balbutiants, mais l'animation est une première très originale.
2007 marquera les 20 ans du parc. Jean-Hervé Madec nous parle d'ores et déjà d'une attraction de type dark-ride inédite sur les Animaux du Futur, "une attraction qui risque bien d'être un vrai blockbuster". Et à propos de l'anniversaire du parc, à Sébastien Durand de rajouter : "Il serait dommage qu'un parc sur le thème du futur se repose sur son passé !"
Bel avenir en perspective.
Simon Bourlet
Une mécanique bien huilée.
H-24 avant l'inauguration de la nouvelle attraction. Le bâtiment qui va abriter les robots se dresse-là , discret et impassible, malgré l'effervescence du chantier qui l'entoure encore. Signé par l'architecte Denis Laming, à qui l'on doit le célèbre cristal du Futuroscope, le bâtiment s'incrit dans l'esprit architectural du parc. Sa forme rappelle une enclume, les lignes sont simples et monolithiques, pas d'extravagance vu de l'extérieur, mais l'intérieur cache bien des surprises ! Ce bâtiment au design high-tech peut prendre plusieurs visages. D'une superficie de 2 000 m², il est recouvert de vitrages inclinés semi-réfléchissants donc semi-transparents à l'ombre ou à la tombée de la nuit.
Le bâtiment se dresse discrètement.© |
Derniers préparatifs avant inauguration.© |
Entrée du bâtiment.© |
Le bâtiment se fait une beauté à quelques heures de l'arrivée des journalistes et des personnalités médiatiques. La pelouse est en train d'être posée, certaines vitres du bâtiment manquent à l'appel, et on s'empresse de les fixer. C'est Jean-Hervé Madec, Directeur du développement et de l'animation du Futuroscope qui nous servira de guide au sein de l'attraction. Arrivé à l'époque où la santé du parc était vacillante, il se qualifie comme "rescapé de cette période". Il reconnaît parfaitement les erreurs passées comme des attractions où le culturela supplanté le sensationnel comme pour Destination Cosmos, et ce qu'il reste à corriger au sein du parc. Mais il porte un regard plus optimiste que jamais sur le futur : "Danse avec les Robots est le résultat d'un travail de 200 personnes. Le produit est innovant, je ne me fais aucun souci quant au succès populaire de cette réalisation".
Glamour, gloire et beauté.
Dans le hall d'accueil de l'attraction, les dernières finitions sont apportées. Ici le visiteur a le choix entre deux entrées : je regarde, ou je fais, autrement dit, acteur ou spectateur. Si les visiteurs choisissent de participer, ils traversent un parcours découverte avant de prendre place à bord des robots. Dans le cas contraire, ils se rendent directement sur la mezzanine surplombant le ballet des robots. C'est en tant que spectateur que nous nous dirigeons vers la salle de bal. Une fois les portes franchies, c'est une explosion d'ambiances musicales et visuelles qui s'offre aux visiteurs. Réquisitionnés par l'industrie automobile, cantonnés depuis longtemps à des tâches ingrates et répétitives, les robots géants crées par la société allemande KUKA étaient sous-évalués. Les 10 robots sont bien là , sagement alignés, prêts à prendre vie et à faire corps avec les visiteurs dans une chorégraphie spectaculaire.
Changement d'ambiance lumineuse ! Les 10 robots s'animent soudain sur les premières notes de La Bamba, et montrent toutes leurs capacités de mouvement. "Plus de 1 million de combinaisons sont possibles" nous précise Jean-Hervé Madec. Chaque robot est habillé par une jolie robe de 6 mètres de diamètre, en fait de larges podiums qui sont recouverts d'un matériau extrait de composants isolants de même composition que ceux utilisés dans l'aérospatiale. Un réseau lenticulaire difracte et amplifie les sources lumineuses placées sous les jupes. Suivant l'angle de vision, ce matériau cinétique change de couleur. Les robots quant à eux sont couverts d'une peinture à pigments iriodines, lesquels sont utilisés dans les peintures métallisées de voitures. Les robots sont peints comme les objets qu'ils ont l'habitude de peindre. Les parois de la salle sont recouvertes de papier-miroir semi-réfléchissants bleus qui permet un mélange des lumières plutôt original. Pourtant les premiers dessins prépatoires de la salle montraient deux miroirs qui réfléchissaient à l'infini les bras-robots : il n'y en aurait pas eu 10, mais des milliers. "Avec ces miroirs, les visiteurs auraient finalement eu une impression de vertige" nous précise les scénographes. Dommage.
La visite se poursuit dans la zone d'attente, encore en chantier. "Les équipes vont travailler toute la nuit pour terminer la file d'attente" nous rassure Jean-Hervé Madec. La file serpente entre des vitrines et des bornes interactives sur l'Histoire des robots. Une histoire en 3 actes : les robots dans l'imaginaire collectif des années 20 aux années 70, l'apparition des robots dans l'industrie des années 70 aux années 90, et les robots du présent au futur qui sauvent, qui guérissent et qui amusent. La scénarisation de cet espace a été signée par la société BMR, fondée par des anciens du Futuroscope. Le contenu des vitrines est alléchant : petits robots suiveurs, chiens Aïbo, bras manipulateur... mais la mise en scène de ces objets fait encore un peu défaut.
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Jean-Hervé Madec a le souci du détail. Il demande à un des coordinateurs de chantier : "Plutôt qu'un bouton, ne fallait-il pas mettre une manette pour piloter ce bras-robot dans la vitrine ?" Il nous confie : "A l'heure des jeux vidéos, nous ne sommes pas très à la pointe de proposer aux jeunes un bouton pour juste déclencher un robot... il faut pouvoir le piloter". Et Jean-Hervé Madec nous fait la démonstration d'un jeu interactif Etes-vous robot ? où on évalue les compétences des visiteurs à distinguer un robot d'une machine. La présentation de ces jeux est claire et efficace.
Ces animations ont pour but de faire patienter les visiteurs, et avec une attraction à faible débit (500 personnes par heure théoriquement), on peut facilement comprendre pourquoi.
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Puis vient la salle de bal à proprement parlé. Son ambiance tranche avec cellede la file d'attente. Alors que les robots s'animent et que les lumières s'enchaînent, un visage familier apparaît sur l'écran gonflable qui surplombe la salle : Kamel Ouali.
L'Homme qui murmurait à l'oreille des robots.
La grande surprise de cette nouveauté vient peut-être de la collaboration inattendue du Futuroscope avec le chorégraphe Kamel Ouali. A 34 ans, il est aujourd'hui l'un des chorégraphes les plus remarqués et les plus appréciés du public. De la Star Academy, aux comédies musicales à succès comme les Dix Commandements, et le Roi Soleil, l'homme ne se refuse aucun nouveau challenge : il chorégraphie les 10 robots-danseurs, et tourne 5 clips vidéo projetés sur l'écran gonflable de Danse avec les Robots.
Sébastien Durand, Directeur de la communication et du Marketing Stratégique nous explique ce choix : "Nous ne voulions pas nous servir en priorité de l'image médiatique de Kamel Ouali. Nous avions même songé à plusieurs chorégraphespour la mise en chorégraphie des robots. Mais Kamel s'est réellement impliqué dans la réalisation de cette attraction, au point qu'il nous a fait la surprise de remonter sur scène et de danser avec sa troupe pour les clips projetés, chose qu'il a cessé de faire voilà 10 ans." Sébastien Durand nous avoue être un vrai passionné de comédies musicales, surtout les américaines. "Je connaissais Kamel Ouali lorsqu'il chorégraphiait encore les spectacles des Folies Bergère ! Il a fait du chemin, et pour lui, chorégraphier des robots était un nouveau challenge. Faire de nouvelles expériences est ce qui l'intéresse désormais."
Mais cela n'a quand même pas empêché le Futuroscope de mettre Kamel Ouali (trop) en avant dans sa campagne nationale d'affichage, jusqu'à voler la vedette aux robots, pourtant thématique de l'année 2006 ! Espérons que les visiteurs associent Kamel à cette nouveauté.
"Le fait d'associer Kamel Ouali au projetaurait pu présenter un risquepour l'image du Futuroscope vis-à -vis des groupes scolaires qui représentent 20% de notre clientèle. Que penseraient les professeurs alors ?" nous confie Sébastien Durand. "De plus, les robots effraient, et le futur est un thème que les Français abordent avec pessimisme.Certaines despremières réactions que nous avons reçues vis-à -vis de cette thématique associaient les robots à la création de chômage. C'est pourquoi nous nous sommes efforcés de présenter nos robots de façon positive, en montrant aux gens qu'ils leur apportaient une aide quotidienne, et qu'ils pouvaient aussi être des artistes-peintre, et des danseurs."
Au final, pour Danse avec les Robots, la danse dépossède complétement les bras-robot de leur aspect industriel originel : ils offrent un spectacle technologique et artistique hors du commun et complétement délirant. Un vrai plaisir visuel.
Entrez dans la danse !
Mercredi 29 mars, c'est la journée d'inauguration et de présentation à la presse de la nouvelle attraction. 9h33 : arrivée du TGV en gare du Futuroscope. Le service d'accueil du parc est sur le qui-vive. Journalistes et V.I.P. descendent enfin du train. On prévoyait une manifestation anti-CPE ce jour-là , par chance pour nos lecteurs, rien à l'horizon. Quelques jours plus tôt une manifestation "gentillette" avait eu lieu lors du casting de la Star Ac' au Futuroscope.
A l'apéritif d'accueil, on peut croiser quelques has-been, et autres has never been : Loana du Loft, Olivier, le premier candidat du Bachelor de M6, une Miss France, et d'autres personnalités dont le nom échappe à beaucoup de gens. Autant dire que nous ne venions que pour admirer les robots, et la décoration VIPesque n'intéressait que quelques journalistes.
Les médias sont invités à la cérémonie d'ouverture dans le bâtiment de Danse avec Les Robots. Les robots vont être dévoilés dans quelques minutes, et on attend Kamel Ouali -qui aurait râté son train -. Le spectacle commence enfin. Le chorégraphe s'approche des robots, et d'un geste de bras, fait tomber les voiles des géants d'acier qui s'animent alors dans une petite mise en scène chorégraphiée. Nous tirons notre chapeau aux figurants (employés du parc) de ce mini-spectacle qui sont restés perchés 30 minutes à 7 mètres de haut sur les robocoasters, et sous les voiles, en attendant l'arrivée de Kamel Ouali.
A Dominique Hummel, président du directoire du Futuroscope d'ouvrir le bal : "Cela fait 20 ans ou presque que le parc du Futuroscope fait entendre sa musique insolite. Car ici nous aimons les mélodies qui cherchent à harmoniser les contraires. Ici, l'art se marie avec la technologie et le divertissement se veut intelligent. Ici et maintenant, les robots dansent avec les hommes."
"Comment ne pas être séduit par ces robots avec ces belles robes lumineuses ?" s'amuse Kamel Ouali. "Dans mon école à Saint-Denis, dans la banlieue parisienne, je me souviens qu'un voyage scolaire était organisé au Futuroscope. Malheureusement, ce n'était pas ma classe qui partait. J'étais très triste.Mais cette année, je compte amener une classe de mon ancienne école pour leur faire découvrir le parc !"
Kamel Ouali expérimente ses chorégraphies.© |
Le président du Département.© |
Une danse à 15 temps.
Place à la danse maintenant ! Dans un crépitement de flashs, les 10 bras-robots accueillent d'abord les V.I.P. pour une séance photo. L'équipe de la ParkOtheK a connu ses premières bousculades de paparazzi ! Puis vient enfin le moment fatidique de tester les robots. Il faut se débarasser de tous les objets personnels susceptibles de s'envoler ou de blesser : boucles d'oreille, lunettes, appareils photo ... ces consignes de sécurité sont rappelées dans la file d'attente à l'aide de pictogrammes animés. "Je crois qu'on ne peut pas faire plus simple" nous fait remarquer malicieusement Jean-Hervé Madec. On rappelle également aux visiteurs qu'ils doivent choisir le niveau d'intensité qu'ils souhaitent expérimenter et l'indiquer à l'hôte ou l'hôtesse d'accueil. Le niveau 1 est le plus intense, le niveau 3, le plus doux. Ce n'est pas dans l'ordre naturel des choses .... "Nous allons modifier ça dans les jours à venir. Expliquer cette numérotation inversée à chaque passager nous ferait perdre beaucoup de temps. " précise Sébastien Durand.
Présentation des niveaux.© |
Messages d'avertissement.© |
Attention,tout s'envole.© |
Une fois embarqué, la passerelle d'accès se dérobe sous nos pieds. Et dans un mouvement rapide, les robots s'animent en même temps, la musique se fait plus forte, et les lumières s'accordent avec le style de la musique. Les sensations sont originales, encore du jamais vu. Aucune nausée à la sortie car les mouvements sont très souples et on passe de la tête en haut à la tête en bas en quelques secondes. Le niveau intermédiaire (2) commence déjà à être remuant, un dosage savant entre douceur et sensations. Le niveau intense est lui déjà très sportif ! Avis aux amateurs, il faut avoir le coeur bien accroché et les épaules solides car la majorité de la séquence se fait tête à l'envers. Ce niveau n'est d'ailleurs pas accessible aux enfants de 1.20 m à 1.40 m.
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Au final, les robots présentent ensemble 30 secondes de chorégraphie signée Kamel Ouali, puis 60 secondes de séquences de mouvements à 3 niveaux de difficulté. Kamel Ouali a chorégraphié 5 séquences de mouvements sur des musiques très éclectiques : Didi (Chab Khaled) , Le p'tit bal perdu (valse de Bourvil), Staying Alive (Bee Gees), La Bamba (Latino), et I love Rock'n Roll (Britney Spears). "En tout, le visiteur peut donc apprécier 15 expériences différentes." précise Jean-Hervé Madec. C'est ce qui fait certainement la force de cette attraction : un spectacle et des sensations en perpétuel mouvement.
Sébastien Durand souligne que "Tous les parcs ou fêtes foraines peuvent avoir un Robocoaster si ils ont l'argent nécessaire. Nous ne voulions pas simplement présenter cette attraction comme un objet technologique. Nos Robocoaster seraient restés de simples manèges à sensations si nous n'avions pas ajouté une histoire autour de l'attraction : celle du robot et de l'homme que la danse va rapprocher et réconcilier"
Le Futuroscope remporte son bras de fer.
Attraction dynamique, musiques détonnantes, scénographie spectaculaire ... tous les éléments sont réunis pour faire de Danse avec les Robots une attraction-phare pour le Futuroscope. D'autant plus que le parc va renouer avec la croissance cette année, et réinvente son futur. Les robots ont envahi le parc pour 2006. La ParkOtheK a apprécié le Zoo des Robots, une exposition interactive où les animaux deviennent machines. Saviez-vous que les sauterelles peuvent entendre et que lespoulpes mangent lescachalots ? C'est l'ex-bâtiment du cinéma 360° qui abrite cette exposition temporaire et qui a été joliment reconverti.
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A partir du 1° avril, la Cité du Numérique du Futuroscope accueille Portrait Robot. Programmé par le Laboratoire Mécanique des Solides du CNRS, ce robot KUKA est capable de tracer en cinq minutes le portrait d'un visiteur avec la même gestuelle qu'un artiste humain. Nous avons assisté aux premiers tests, encore balbutiants, mais l'animation est une première très originale.
2007 marquera les 20 ans du parc. Jean-Hervé Madec nous parle d'ores et déjà d'une attraction de type dark-ride inédite sur les Animaux du Futur, "une attraction qui risque bien d'être un vrai blockbuster". Et à propos de l'anniversaire du parc, à Sébastien Durand de rajouter : "Il serait dommage qu'un parc sur le thème du futur se repose sur son passé !"
Bel avenir en perspective.
Simon Bourlet