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Le Grand Historique des Montagnes Russes.
Roller coasters, Montagnes Russes, Grand 8... des noms qui évoquent sensations et frissons, à bord de monstres d'acier et de bois. Depuis une quarantaine d'année, la technologie et les nouveaux matériaux ont permis de repousser les limites de la hauteur et de la vitesse. Mais ces fameuses montagnes ont eu leur heure de gloire bien avant notre époque. Retour sur 400 ans de vitesse et d' "air-times"...

Les premières années aux Etats-Unis (1800-1900).



Le "Mauch Chunk Switchback Railway".



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Le premier roller coaster américain n'a pas été construit dans un parc d'attractions ni dans une ville. Bien loin de tout ça, puisque la première montagne russe américaine est apparue sur les flancs de montagnes en Pennsylvanie. Le Mauch Chunk Switchback Railway, qui ressemblait plus à un train lancé à toute vitesse qu'un vrai coaster, est considéré comme l'ancêtre des montagnes russes d'aujourd'hui. ( "Switchback" est le nom donné aux montagnes russes foraines et caractérise un chemin avec des "hauts et des bas").

L'entrepreneur d'une compagnie minière, Josiah White, a fait construire son Gravity Road (Voie de la gravité) en 1827 pour acheminer rapidement le charbon des mines de Summit Hill aux rives de la rivière Lehigh, pour aboutir à la ville de Mauch Chunk -un voyage de 14 kilomètres-. Des convois de plus de 14 wagons, chargés de 22 tonnes de charbon dévalaient la montagne à toute vitesse, avec un seul courageux passager à son bord pour freiner à l'arrivée !

Les mules avaient la très désagréable tâche de remonter les wagons au sommet de la colline. Mais elles appréciaient le voyage au retour, et elles ne restèrent pas les seules insensibles aux sensations procurées...

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Rapidement, le Gravity Road devînt une attraction populaire. Le minerai était acheminé vers la ville le matin, mais l'après-midi, les wagons étaient non pas remplis de charbon, mais de passagers payant 50 cents le voyage. A la moitié du XIX° siècle, la demande en charbon augmenta considérablement, et White ajouta une seconde voie équipée d'une machine à vapeur de 120 chevaux au sommet de la montagne Pisgah. Ce moteur servait à hisser les trains à une altitude de 200 mètres, et c'est ici, pour la première fois, que l'on voit apparaître un système de sécurité : une roue à rochet qui empêche le convoi de revenir en arrière (roue dentée qu'un cliquet oblige à tourner dans un seul sens). Ce dispositif de sécurité, plus tard amélioré, donna naissance au fameux cliquetiscaractéristique du train de montagne russe danssa phase demontée.

En 1872 un tunnel fut creusé, ce qui a eu pour conséquence de rendre la route du charbon plus accessible que celle empruntée par le Gravity Road. Mais cela n'a pas sonné le glas du Mauch Chunk Switchback Railway. Le Hauto Tunnel fut un succès énorme : en 1873, 35 000 passagers ont pu effectuer un voyage tumultueux de 28 kilomètres d'une durée de 80 minutes, à travers les paysages naturels du Mont Pisgah et du Mont Jefferson.

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Ce chemin de fer particulier offrait un incroyable spectacle naturel. L'endroit devint un lieu hautement touristique au XIX° siècle. Si bien que des trains spéciaux assuraient la liaison entre la ville de Mauch Chunk et les Etats de New York et du New Jersey pour faciliter la venue des touristes.

Malheureusement, la première "montagne russe" des Etats-Unis ferma en 1929. A cause de la Grande Dépression, le tourisme déclinait peu à peu, jusqu'à être fatal aux installations qui restaient vides à longueur de journée. On ne saura jamais combien de personnes ont expérimenté le Mauch Chunk Switchback Railway, mais une chose est sûre, c'est qu'il a aiguisé l'appétit de beaucoup de visiteurs en matière de sensations.

Un homme.



LaMarcus Adna Thompson... un homme créatif qui a hissé les montagnes russes à leur plus haut rang. Encore tout jeune, il inventait toutes sortes d'outils pour ses parents, et des jouets pour son plaisir personnel. Adulte, il dirigeait plusieurs entreprises toutes plus rentables les unes que les autres. Mais la tension qui accompagnait ses affaires, lui ont finalement fait renoncer à son métier de patron pour consacrer plus de temps à des occupations moins stressantes.

Mais étant un homme inventif, Thompson ne pouvait pas rester oisif plus longtemps. Il créa sa propre version de montagne russe. Elle avait la forme des premières "Montagnes Russes" - c'est-à-dire, deux pistes parallèles, mais de sens opposés-. (voir article précédent). Thompson créa une piste ondulée longue de 180 mètres et haute de 15 mètres, sur laquelle des voiturettes circulaient à la vitesse de 10 kilomètres par heure. Il est intéressant de savoir que Thompson n'a pas été le premier à breveter ce genre d'invention. En 1878, Richard Knudson a déposé le brevet "Amélioration des chemins de fer inclinés", mais l'invention ne fut jamais réalisée. Quelques historiens disent que Thompson a simplement reproduit les concepts déjà mis au point par Knudson, puis les a accomodés à sa manière.

Le brevet de Knudson du "Chemin de fer incliné". ©


Chemins de fer scénique
Chemins de fer scénique
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Personne n'est vraiment certain de la raison pour laquelle Thompson s'est lancé dans l'industrie des parcs. Mais quoiqu´il en soit, son invention fut un énorme succès. L'attraction ouvrit en 1884 à Coney Island à Brooklyn (New-York) et fît gagner à son inventeur jusqu'à 600$ par jour. En sachant que Thompson ne demandait qu'un Nickel par tour, le succès du Switchback Railway n'est rien à côté de ça. L'Histoire a baptisé Thompson de "Père de la Gravité", ce qui est tout à faitdiscutable quand on sait qu'il s'est inspiré d'inventions françaises et russes.

LaMarcus Thompson n'a pas détenu le monopole de son invention très longtemps. En 1884, Charles Alcoke créa une montagne russe de forme circulaire et au printemps 1885 Philip Hinkle développa le concept du lift. Le "lift" -acensceur en anglais- est généralement la première partie inclinée d'un parcours de montagne russe, où le train est tracté au sommet à l'aide d'un câble ou d'une chaîne. Ce système a permis de concevoir des montagnes russes plus hautes dont la voie formait un circuit complet.

Switchback Railway
Switchback Railway
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Thompson sentait que les montagnes russes ne devaient plus se limiter aux seules et uniques sensations. Il manquait quelque chose : un décor ! C'est alors qu'il se mit à construire des Chemins de fer scéniques. Il ne s'agissait ni plus ni moins que d'une montagne russe agrémentée de dioramas et de passages dans le noir. On attribut à Thompson plus de 30 dépôts de brevets ayant trait aux montagnes russes entre 1884 et 1887, et la plupart concernent ces Chemins de Fer scéniques. A cette époque, Thompson commençait sa collaboration avec James A. Griffiths, célèbre pour ses voitures sculptées, et ses décors de montagnes russes. Ensemble, ils conçoivent le premier Chemin de fer scénique qui ouvre en 1887 à Atlantic City. Un des ingénieurs de ce projet était un jeune homme répondant au nom de John Miller, un nom qui plus tard allait révolutionner le monde de la montagne russe.Les chemins de Thompson et Griffith se séparent après le projet d'Atlantic City. Ils deviennent alors de féroces concurrents sur le marché des Chemins de Fer scéniques.


Le début du XX° siècle a vu l'avènement d'un nouveau genre de parc aux Etats-Unis: les trolley-parks. Ce sont des parcs crées par ou en collaboration avec les compagnies de tramways. Les bus et les trams étaient le principal mode de transport en commun à l'époque, mais le week-end, leur fréquentation diminuait car les gens n'avaient aucune raison de voyager plus loin que le jardin public au bout de leur rue. Les compagnies ont alors crée des parcs d'attractions aux terminus de leur ligne, ce qui a eu pour conséquence de favoriser le déplacement des habitants et des familles vers l'extérieur des villes, à la campagne, pour une journée de détente et d'amusements. Whalom Park, juché sur une colline dans le Massachusetts, est un bon exemple de parc crée spécialement par les compagnies de transport pour s'assurer des rentrées d'argent même en période creuse. Des parcs déjà existants comme celui de Riverview ont tendu la main vers des compagnies locales de transport pour permettre la venue des visiteurs, mais aussi pour favoriser l'utilisation des lignes. Cette multiplication historique des parcs a bien évidemment accru le développement des montagnes russes.

Deap The Lip : 100 ans ... et encore toutes ses roues !



Une des montagnes russes de cette époque ayant survécu jusqu'à nos jours est le Deap the Lip à Lakemont Park en Pennsylvanie. Les voitures restaurées peuvent transporter 4 personnes réparties sur 2 rangs, et sont parmi les plus confortables au monde. La montagne russe fut construite en 1902 par Joy. E.Morris et culmine encore à 15 mètres de hauteur. La première chute fait 3 mètres et le train atteint une vitesse maximale de 16 kilomètres par heure. Elle a été bâtie pour remplacer le Gravity Railroad, brûlé accidentellement en 1901.

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Cette attraction est la plus vieille encore en opération dans le monde. Elle a été construite à une époque où les montagnes russes "à friction" étaient à la pointe de la technologie, et où un lift de 15 mètres était effrayant. Tandis que des centaines de vieilles montagnes russes ont été démantelées à cause de leur âge, ou parce qu'elles ne procuraient plus les sensations attendues par le public moderne, celle de Lakemont continue à vivre. Mais une lourde maintenance et les coûts de réparation élevés ont contraint le parc à fermer l'attraction en 1985. Le coaster en était arrivé au point où une rénovation générale était nécessaire, mais le parc ne pouvait se permettre cette restauration sans le soutien d'une aide extérieure. De généreux donateurs du monde entier ont joué les mécènes pour que la montagne russe puisse refonctionner un jour. Il ne s'agissait pas que d'une réparation de la structure. Selon Ashley Rishel (responsable de la réhabilitation), la restauration du coaster entier n'a modifié que 30% de la structure originale. En plus de la montagne russe en elle-même, les voitures, le quai d'embarquement, et les locaux techniques ont été restaurés. Lorsque la reconstruction a débuté, le coaster reposait dans 60 centimètres de boue et d'eau à certains endroits. En fait, une source naturelle coulait sous l'installation. Les travaux ont permis de consolider les fondations, et de détourner l'écoulement de la source. Le Deap The Lip a été classé "monument historique" en 1991.

Un début prometteur.



Pendant les premières années des montagnes russes aux Etats-Unis, l'enthousiasme du public et de la concurrence a donné lieu à des changements technologiques perpétuels: la course à la nouveauté... un peu comme aujourd'hui.

Pourtant il fallait être incensé pour construire ces monstres de bois, mais quelques concepteurs et hommes d'affaire visionnaires ont cru en ces montagnes russes et à leur succès.

Simon BOURLET

Pour en savoir plus sur :
- Le Deap The Lips : www.leapthedips.org
- Un des tout premiers Trolley-Parks : www.savewhalompark.com

Remerciements aux sites Ultimaterollercoaster et Britannica.com pour les documents iconographiques.

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