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Spyland : Calais site d'accueil ?

par Simon Bourlet

PROJET

Samedi 08 octobre 2011 - 11:03


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A l'image des agents secrets qui l'habiteront, le projet de parc Spyland a voyagé de régions en pays à la recherche d'un port d'attache depuis bientôt 10 ans. Initialement prévu en France et à Dubaï, ce projet de parc à thème unique sur l'espionnage s'est ensuite tourné vers l'Espagne en 2008 (voir notre article), pour aujourd'hui finalement revenir en France. Le terrain à l'étude se situe désormais au Nord de la France, près de Calais. L'annonce officielle par voie de presse aujourd'hui nous fait nous interroger sur ce revirement de situation. Rencontre avec Jean-Michel Errera, nouveau directeur à la tête du projet.

ParkOtheK : Où en est le projet Spyland initialement prévu pour une implantation en Espagne, puisque Calais indique être une destination possible ?

Jean-Michel Errera : Les retards accumulés par le projet Gran Scala dans lequel nous n'étions qu'un maillon parmi plusieurs dizaines de projets et où nous n'avions absolument ni pouvoir de négociation ni leadership nous ont amené à rechercher d'autres emplacements possibles dont Calais qui est à l'étude parmi 3 autres possibilités d'implantation. Nous sommes dans un processus d'échanges d'informations économiques et foncières avec les divers emplacements étudiés avant de verrouiller totalement une décision en commun avec les élus du site qui sera finalement retenu, les administrations et nos financiers. Nous sommes persuadés que l'on peut construire plusieurs Spyland dans le monde. Nous verrons comment évolue le projet Gran Scala de son coté et nous avons d'autres idées de projets thématiques de parcs que nous pourrions leur proposer éventuellement.

La caractéristique de l'équipe et des partenaires de Spyland est d'être tenace. Rappelons l'exemple historique que l'idée d'Eurodisney est née aux USA en 1976 pour ouvrir 16 ans plus tard à Paris en 1992 après avoir étudié de l'ordre de 1200 implantations possibles en Europe. Les projets sont longs à sortir et Calais le sait avec les délais pris pour l'étude et la construction du tunnel sous la Manche. Dans d'autres « régions projets » où avait travaillé Spyland (18 emplacements regardés au total dont 6 plus longuement détaillés) , le temps perdu vient de multiples difficultés, différentes à chaque fois: vestiges enfouis sous le sol, multipropriétaires pas d'accord entre eux, refus d'une solution privée de financement, coût foncier trop élevé, délais ou problèmes administratifs importants, conflits inter territoires, terrain trop grand ou trop petit. Ce temps a aussi permis la maturation du projet Spyland au fil des années avec aujourd'hui de nombreux partenaires français et étrangers, très professionnels, capables de nous aider à aller au bout du chemin et que nous n'avions pas 2 ans en arrière seulement.

POTK : Pourquoi avoir choisi Calais ?

JME : Le choix de la localisation d'un parc s'appuie en priorité sur des critères simples mais essentiels : l'emplacement, la chalandise, le réseau de transport, la surface adéquate de terrain et bien sûr le contenu thématique du projet, le master plan, avec une bonne équipe d'exploitation et un marketing ciblé etc. Ces points sont les clefs majeures mais pas uniques d'un succès commercial. Calais a énormément d'atouts au regard de ces critères avec en plus un excellent accueil des élus et des administrations des territoires. Certes nous sommes encore au milieu du chemin des études sur plusieurs emplacements et nous n'avons rencontré qu'une partie des acteurs dans le Nord Pas-de-Calais et sur les autres sites envisagés mais l'accueil a été excellent. Les responsables veulent y développer leurs territoires au profit des habitants.

Implantation au carrefour de l'Europe du Nord.
Implantation au carrefour de l'Europe du Nord.
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Calais est un emplacement de choix ou convergent l'Eurostar, Eurotunnel, les ferrys, 3 autoroutes et 2 aéroports avec 30 millions de passagers et 70 millions de résidents jusqu'à 3 heures de chalandise. Anglais et Belges, qui sont voisins sont très friands de parcs car au 2/3 ils reviennent chaque année dans ce type de loisirs. Nous regardons aussi le taux de chômage pour définir si nous trouverons de la main d'oeuvre pour un millier d'emploi direct et près du double en emploi indirect et induit : magasins, crèches, pompiers, renforts de police, hôtellerie, transports, sécurité, maintenance, jardinage, artisans tous corps d'états, restaurants...

Ouvert pratiquement toute l'année compte tenu du concept, nous proposerons une large majorité d'emplois stables avec une vraie politique sociale, des possibilités de progresser et une carrière pour ceux qui le souhaitent. Beaucoup de jeunes de la région d'implantation y trouveront leurs comptes sans se déloger mais aussi des entreprises, des PME, pour toutes les sous-traitances et les contrats de maintenance, de jardinage, de nettoyage, de gardiennage, de transport, de services que Spyland passera. Les élus sont très attentifs à ces questions et nous avons travaillé sur des organigrammes qui montrent, hôtels restaurants et boutiques compris, que ce sont près de 100 métiers différents qui font tourner un parc.

POTK : Compte tenu de la situation internationale, est-ce le bon moment pour investir dans un tel projet ?

Oui certainement. Ce sont dans ces moments qu'il faut investir dans des projets de cette importance. Il faut être prêt pour la sortie de cycle vers le haut. Ce sont au demeurant des projets comme celui-ci qui y concourent. Ils sont emprunts d'optimisme et donnent un signal de revitalisation, une envie d'être en famille de revenir à des choses légères. Les décideurs des territoires et les organismes d'état, les fonctionnaires des divers sites étudiés l'ont bien compris qui nous facilitent vraiment la tâche en nous fournissant des informations économiques et sociales utiles pour affiner la maquette définitive.

Si Calais est retenu, Spyland s'intégrerait à un carrefour où la Côte d'Opale, le Musée de la dentelle, Nausicaa et tous les autres attraits de cet environnement seraient en synergie avec la France, la Grande-Bretagne, très friande du thème des agents secrets, la Belgique, la Hollande et même l'Allemagne.

POTK : Où en est la phase de financement ?

Depuis 10 ans, près de 4 millions d'euros ont été investis dans les recherches, les développements, les partenariats avec des professionnels du secteur des parcs français et étrangers. Nous en sommes au second tour de table pour accélérer le processus d'ingénierie adapté au site qui sera finalement retenu dans les tous prochains mois afin d'aller ensuite vers le permis de construire. Le 3° tour de table consistera à lever 300 millions d'euros avec une majorité de capitaux privés et un complément de subventions octroyés de façon mécanique comme cela le serait pour tout autre type de projet, afin de construire le pôle de parcs.

POTK : Le Nord de l'Europe possède déjà la plus forte concentration de parcs par habitants. N'y a-t-il pas un risque de saturation du marché ?

JME : Je dirai que plus il y a de parcs à thème dans une même région sans qu'il y en ait pléthore, mieux c'est. Cela crée de la synergie, un choix, une dynamique, un peu comme lorsque vous avez des magasins de vêtements, des restaurants ou des opérateurs téléphoniques dans une même rue pour élargir votre choix. Nous avons une vision commerciale et ouverte aux réalités du monde. Les gens satisfaits d'un parc iront en découvrir un autre car ils finissent par adhérer au modèle et ils reviennent dès que nous annonçons des nouveautés qui sont prévues dès la conception.

Si on regarde les parcs existants comparables en termes de chalandise en Belgique au Royaume Uni, aux Pays-Bas, au Danemark et vers Paris, les fréquentations qui vont du simple million à 4, 2 millions de visiteurs. Par exemple, De Efteling en Hollande à 2,5 heures de Calais reçoit plus de 4 millions de visiteurs et ce parc existe depuis 1952 dans un tout petit pays en termes de population. Les 3 parcs de la banlieue ouest de Londres (Chessington, Thorpe Park et Legoland) reçoivent au total plus de 5 millions de visiteurs venant d'une ville qui est à moins d'une heure de train de Calais.

Les 2/3 de la population de Grande Bretagne et les 3/4 de celle du Benelux ont des taux de revisite annuels énormes dans les parcs de leur zone qu'ils connaissent pourtant bien. Ces familles n'hésitent pas à rouler jusqu'à 3 heures pour se distraire comme l'ont montré des études touristiques. Ce type de loisirs est culturel chez tous les frontaliers du Nord Pas-de-Calais et en progrès en France qui est passée de moins de 3 millions de visiteurs dans les années 80 à près de 70 millions de nos jours selon une étude du cabinet Contour et de l'AFIT au milieu des années 2000. La position de Calais est donc intéressante dans le périmètre de nos différentes études.

POTK : Jean-Michel Errera, vous avez pris la direction du projet Spyland depuis plusieurs mois. Qui êtes-vous et qu'est-ce qui vous prédispose à vous occuper d'un parc de loisirs ?

Jean-Michel Errera, à la tête du projet Spyland.
Jean-Michel Errera, à la tête du projet Spyland.
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JME : L'envie, l'enthousiasme et peut-être le rêve de gosses. A côté de cela j'ai quitté une entreprise financière dans laquelle j'ai travaillé pendant près de 18 ans, une belle entreprise au demeurant, et j'avais envie de renouveau. Parmi les expériences professionnelles qui m'ont le plus intéressé, il y a eu récemment la direction d'un énorme holding financier et la responsabilité de la fusion de trois établissements bancaires ainsi que la migration de trois systèmes d'information complexe.
Un parc de loisirs est lui aussi un passionnant composite complexe regroupant des restaurants, des attractions, des spectacles, des boutiques, des gestions massives de flux humains, de la maintenance, des espaces verts gigantesques, des incidents quotidiens, et une montée en puissance du projet tout aussi complexe à mener avec son aspect écologique et environnemental majeur de nos jours.

Comme il s'agit d'une entreprise économique essentiellement privée, les connaissances financières de mon parcours professionnel et l'aspect relation humaine me prédisposent à créer une ambiance sociale et sereine de travail. Il faut aussi bien s'entourer de directeurs qui maitrisent les sujets que je connais moins pour mettre en commun leurs expertises. Ici, la rigueur acquise en management bancaire permet de cimenter tout le monde vers un seul objectif : « réussir sans qu'il ne manque une décimale ».


Etude d'attraction type "Topple Tower"
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Parc aquatique indoor
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