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Shuttle Launch Experience au Kennedy Space Center

par Simon Bourlet

NOUVEAUTÉ

Mardi 26 juin 2007 - 10:09


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Depuis mai dernier, le Kennedy Space Center en Floride offre à ses visiteurs une nouvelle expérience interactive unique au monde : le Shuttle Launch Experience. Cette attraction est l'aboutissement de 3 années de développement et de collaboration entre des anciens astronautes et la NASA. Son but est de répondre à l'une des questions les plus fréquemment posées aux astronautes : « Qu'est-ce que ça fait d'être envoyé dans l'espace ? »

Aller décrocher la Lune.

Dans le Shuttle Launch Experience, les visiteurs expérimentent les sensations d'un décollage d'une navette spatiale pour une mise en orbite autour de la Terre. L'animation déploie une panoplie de technologies audio-visuelles et mécaniques qui immergent les visiteurs-astronautes dans l'atmosphère tendue d'un décollage.

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Le voyage commence dans le Centre de Simulation de Lancement de Navettes, un bâtiment imposant dont l'architecture rappelle les hangars de navettes spatiales. Dans la file d'attente, les membres de l'équipage, -comprenez les visiteurs- assistent aux témoignages de quelques anciens astronautes de la NASA qui dressent le décor de ce qui va suivre...
Puis l'équipage pénètre dans le centre opérationnel où un briefing d'avant-départ est assuré par le Commandant Charlie Bolden (astronaute de 1987 à 1994) sur 3 écrans suspendus à des bras-robots manipulateurs spatiaux. Il explique aux membres de l'équipage les différentes étapes d'un lancement de navette spatiale, et termine par la description du « Max-Q », moment où l'accélération de décollage est la plus forte'une sensation que les prétendants au départ vont vivre dans quelques secondes.

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Les passagers pénètrent ensuite dans une des 4 cabines de simulation, de 44 places chacune. Une seule ceinture suffit à sécuriser les passagers. Les portes se ferment, et la navette bascule en position verticale. Le compte-à-rebours est lancé. Décollage. Toute la cabine et les sièges vibrent violemment, vous passez le Max-Q. Un réservoir est largué. Et comme dans tout bon scénario à suspens, quelque chose doit aller mal ! Donc, une alarme retentit. Une fuite d'air s'est produit, mais vous assistez rapidement à sa réparation assurée par un membre de l'équipage, savamment exposée sur un écran.

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Puis vient le moment de l'impesateur. L'illusion est donnée par un basculement rapide de la navette de sa position verticale à une position légèrement inclinée vers l'avant. Pour terminer votre mission, le toit de la navette s'ouvre et laisse apparaître une impressionnante projection de la planète Terre et de l'espace.

Toute l'aventure est sublimée par une musique spécialement composée pour l'attraction. En quittant la navette, les visiteurs empruntent une imposante rampe en spirale qui symbolise le retour sur Terre. Des étoiles en fibres optiques recouvrent les murs et le plafond, immergeant le visiteur dans la grandeur du cosmos. Au centre de la rampe des images de notre planète Terre sont projetées, et de part et d'autre de l'allée sont exposées des plaques commémorant plus d'une centaine d'anciennes missions lancées depuis le Kennedy Space Center.

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De l'art d'enseigner les foules

L'ingénierie du vaisseau spatial a été confiée à la société texanne Oceaneering et le show control de l'attraction (lumières, sons, effets) à la société Technomedia Solutions. Ces deux intervenants ne sont pas étrangers au secteur des parcs de loisirs, puisqu'ils ont tout deux travaillé sur « The Amazing Adventures of Spiderman », un simulateur dark-ride 3D dans le parc Universal's Islands of Adventures, considéré comme une des meilleures attractions au monde.

A ce propos, au Kennedy Space Center on ne parle pas « d'attraction » pour qualifier cette nouvelle animation, mais plutôt de « simulateur » ou « d' expérience ». Une différence de vocable juste pour ne pas trop ressembler à ses mastodontes de voisins que sont Walt Disney World et Universal Studios, face auxquels il faut pourtant bien résister'Le concept-même du Shuttle Launch Experience pourrait rappeler celui de Mission Space, au parc Epcot Center à Walt Disney World. Toutefois la version du Kennedy Space Center est nettement moins intense. Le Mission Space de Disney- qui est en fait une centrifugeuse géante- avait défrayé la chronique suite à de trop nombreux incidents (malaises et vomissements) obligeant le parc à proposer une version « allégée » 18 mois après son ouverture en 2003.

Le Shuttle Launch Experience a coûté plus de 60 millions de dollars (44,6 millions d'euros) et marque un renouveau dans les animations proposées par le Kennedy Space Center. Chose suffisamment rare pour être signalée, le centre est un organisme public visant à promouvoir la conquête spatiale aux américains, mais il ne touche aucune aide de l'état, il vit uniquement de ses revenus. Le centre est devenu une attraction ouverte au public en 1967, deux ans avant les premiers pas de Neil Armstrong sur la Lune, et quatre ans avant que le Disney's Magic Kingdom floridien n'ouvre ses portes. Depuis lors, le complexe n'était plus ou moins qu'un musée glorifiant les anciennes missions spatiales américaines et leurs héros. Des animations comme des films IMAX ou des démonstrations de robots sont venus compléter les premières visites en bus de la base de lancement, mais à l'exception de quelques animations interactives réservées aux enfants, le Kennedy Space Center ne faisait que prêcher les merveilles de l'espace aux convertis. Les expositions étaient éducatives, mais rarement immersives.

Un tel investissement montre que les centres ludiques et éducatifs ne peuvent plus se contenter d'informer les visiteurs derrière des animations ou des bornes « interactives » . Cette constatation est encore plus fondée dans l'environnement si concurrentiel d'Orlando. A l'heure d'Internet, de la multiplication des chaînes de télévisions, de l'ordinateur, des téléphones portables, des billetteries automatiques, les gens sont blasés de l'interactivité. L'utilisation des animations doit être intuitive, les explications presque « servies sur un plateau » sous peine de perdre ses visiteurs (au sens propre comme au figuré). Il faut désormais les surprendre, les toucher, les émouvoir à coup de sensations et d'effets spéciaux pour mieux faire passer un message. L'émotion par le jeu ou par le spectacle, à la différence d'une explication, peut se vivre indéfiniment, de multiples façons, et peut être partagée par les membres du groupe.

En France, ce virage a été négocié cette année par Vulcania en Auvergne et Le Bioscope en Alsace, les deux plus récents centres à vocation ludique et éducative qui ont tout deux fait quelques erreurs de jeunesse. Vulcania joue désormais la carte de la sensation et du grand spectacle quitte à verser dans le scénario catastrophe, et Le Bioscope a renouvelé la quasi-totalité de son contenu, maintenant moins élitiste et plus accessible aux enfants. La Cité de l'Espace à Toulouse, quant à elle, a entamé sa transformation en 2004 par l'ajout d'aires de jeux et de films IMAX. Le Futuroscope exploitait la thématique de l'image devenue omniprésente dans la vie quotidienne, et se convertit à de nouvelles attractions « plus fun » où le visiteur est spectateur et au centre de l'action (Danse avec les Robots, simulateurs, technologie de réalité augmentée...).

Il y a une dizaine d'années en France et en Belgique, on donnait les vieux musées poussiéreux pour mort. Les espaces ludiques et éducatifs allaient prendre la relève. 10 ans plus tard le vent a tourné avec les tendances multimedia, et c'est au tour de ces « musées novateurs » à la scénographie soignée mais parfois élitiste de se remettre en question.

Et, le Shuttle Launch Experience en est la preuve, les idées pourraient bien se trouver au coeur des parcs de loisirs voisins, moins culturels, mais pourtant... si populaires.

Le Shuttle Launch Experience en chiffres

Capacité horaire : 1200 personnes par heure
Cabines : 4 de 44 places
Surface : 12 200 m²
Coût : 60 millions de dollars (44,6 millions d'euros)

Liens à visiter

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