Bagatelle s'essouffle. Quel avenir ?
par Jonathan Lutaster
ECONOMIE
Jeudi 30 septembre 2010 - 17:52
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Parcs d'attractions
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Milieu des années 90, le parc connait une forte croissance. Le petit-fils du fondateur François Jérôme Parent, qui dirige Bagatelle, arrive à renouveler le parc, et propose chaque année une nouveauté. Le public suit, 422.516 personnes franchissent les grilles en 1999, contre 380.000 en 1995, et 300.000 en 1992.
Fin des années 1990, le Parc Astérix rachète le musée Grévin, et forme une nouvelle entité, le groupé Grévin et Cie. Pour satisfaire les ambitions de développement du groupe, des tractations sont menées auprès des propriétaires de différents parcs de l'hexagone. La famille Parent accepte l'offre du groupe. An 2000, Bagatelle est désormais sous la coupe du groupe Grévin.
La genèse de cet essoufflement
2001, le groupe veut maintenir la politique d'investissements qui a permis au parc de se développer, et affirme la confiance qu'il place dans sa nouvelle acquisition en investissant 3 millions d'euros. Somme qui sert en majorité à financer la plus grande nouveauté que le parc n'est jamais installée, un Raft Ride, avec au centre du parcours un tourbillon géant. Mais fin septembre, le bilan tombe, la saison est mitigée : le CA progresse, mais la fréquentation chute de 30.000 entrées. L'histoire nous révélera que Le Raft sera le seul gros investissement réalisé par le groupe jusqu'à aujourd'hui.
2002, la fréquentation dévisse encore. 1,5 million d'euros est investi pour conforter les installations, notamment la restauration. Le directeur de l'époque, Philippe Desnoues, se confiait au début de la saison 2002 au journal la Voix du Nord : « On attend 384.000 visiteurs pour cette saison », soit 11.000 de plus qu'en 2001. Finalement, ce sera 8.000 de moins... Parallèlement, le groupe Grévin se fait racheter par le spécialiste des domaines skiables, la Compagnie des Alpes.
2003, le parc se repositionne. Finis les lieux exotiques et imaginaires du parc, place à une thématisation plages du nord et culture cht'i. Une nouvelle mascotte est intégrée, Jacques. Ce sera la seule année où la croissance sera importante, avec 381.000 visiteurs et un CA de plus de 7 millions d'euros.
Depuis lors, au fil des années, la fréquentation n'a cessé de s'effriter, et le chiffres d'affaires avec (même si ce dernier est resté plus stable, grâce à l'augmentation du ticket d'entrée et des ventes du parc). Et le parc enregistre des pertes sur plusieurs de ses exercices. En 2008, la direction mise sur le retour de Baggy, l'ancienne mascotte. Mais ce ne sera pas suffisant, il est trop tard. Le parc s'essouffle, les attractions sont vieillissantes, leur maintenance coûte cher, et aucune nouveauté majeure n'est proposée, alors que d'anciennes attractions sont supprimées.
© Jonathan Lutaster/ParkOtheK |
2009, 2010, 2011 ?
Alors que 2009 a été une année faste pour la majorité des parcs européens, la meilleure saison jamais enregistrée par l'industrie, Bagatelle progresse juste de 5.000 visiteurs, soit à peine 2% d'augmentation, là où la majorité des sites enregistrent une hausse à deux chiffres.
Bien que le parc est aligné les tarifs de ses billets d'entrée 2010 sur ceux de la saison 2003, le parc enregistre à la fin de la saison une baisse de 5% de sa fréquentation, soit 280.000 entrées au total. Alors que le groupe ambitionnait pour son parc les 300.000.
Dans une interview donnée pour la fin de saison à la Voix du Nord, l'actuel directeur d'exploitation Christophe de Moffarts répond aux questions du journaliste sur la saison passée, et sur l'avenir du parc. « Il n'y aura pas de nouvelles attractions l'année prochaine. Je ne peux présager de rien, je ne sais pas ». Une phrase qui en dit long sur le devenir incertain du parc au sein du groupe.
Des pertes récurrentes, une fréquentation en constante baisse, des coûts de maintenance importants, une offre qui s'amoindrit, et une saison qui se fait quasiment que sur les seuls mois de juillet et août et de sa météo. Voilà la situation actuelle du site. Certains cabinets de tourisme estiment qu'un parc à 3 vies : sa création et son exploitation dans un cadre familiale, son rachat par un grand groupe, puis sa cession à un fond d'investissement. Vu sa situation actuelle, il est peu probable qu'un fond d'investissement croit au potentiel du parc... sauf peut-être pour son incroyable foncier à 3 km de la mer. Bagatelle bouclera t-il le cycle des 3 vies en retournant aux mains d'un petit groupe familial ? L'avenir nous le dira.